Les guillis de la mort
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Let’s Be Evil, avec Ryde ou encore Unfriended, fait partie de ces films qu’on pourrait classer dans le sous-genre « horreur technologique ». Films qui souvent ne se distinguent pas par leur qualité (il faut le dire), mais qui ont pour originalité d’utiliser les nouveaux médias, les réseaux sociaux, et la technologie en général pour exploiter de nouvelles peurs. Ici nous suivons donc le film à travers les lunettes artificielles portées par Jenny (l’héroïne) et son environnement souterrain hyperconnecté. Let’s Be Evil part pourtant très bien, l’ambiance est posée dès les premières minutes. Décor artificiel et aseptisé, complètement automatisé (jusqu’au coucher des enfants, qui suit un compte à rebours) lumières artificielles et vives à la Blade Runner 2049, IA pas franche du collier, et surtout gamins bien flippants, complètement absorbés par leurs exercices en réalité virtuelle, dessinant des figures dans les airs comme s’ils étaient coupés de tout lien social... Bref, une ambiance SF pas si « fictionnelle » que ça (puisque ces technologies existent bien), remarquablement servie par la dark synthwave très 80’s constituant la BO.
Let’s Be Evil en fait des tonnes pour nous mettre le trouillomètre à zéro (alors que sa réalisation reste classique voire cliché), et malheureusement ça ne marche pas. Le scénario est basique et prévisible, jusqu’à son retournement final qu'on voit arriver à trois kilomètres et sans jumelles. Cela gâche complètement l’univers qu’il était parvenu à mettre en place. On a plutôt envie de rire devant ces mini-hackers psychopathes tout mignons qui sont supposés faire aussi peur qu’un démon sorti de Conjuring. La scène où Darby, un homme adulte, se fait « dépecer » par cinq mioches qui n’ont même pas dix ans sous les cris effrayés des autres protagonistes (scène qui était supposée être le climax émotionnel du film), est à ce titre particulièrement ridicule, encore plus que la scène de l’homme en flammes. La seule originalité du film, c’est que pour une fois, c’est pas l’IA qui fait office de méchante... Reste le rapport virtuel/réel, franchement sous-exploité (au final, ces enfants sont-ils seulement vrais ?), et qui ne parviendra pas non plus à sauver cette production du naufrage, d’autant que de nombreuses questions restent en suspens : qui a démarré ce programme, comment Cassandra et les autres ont-ils pris le contrôle ?
Let’s Be Evil est donc un exemple assez triste de bonne idée et d’univers bien foutu, construit par un réalisateur visiblement compétent, mais qui se retrouve gâché par un scénar complètement débile sans aucune crédibilité. Dans un film d’horreur, c’est fatal...
Créée
le 28 janv. 2024
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