Après avoir visionné D’autres Mondes de Jan Kounen, je découvrais, enfin, mon premier film colombien abordant le chamanisme d’une manière respectueuse, sans verser dans le cliché du délire psychédélique ou spectaculaire. L’étreinte du Serpent est un voyage initiatique se déroulant le long du fleuve Amazone ressemblant à l’animal précité, lorsqu'il est filmé en vue aérienne.
Ici, la présentation du Chaman, Karamakate, avec les hommes de sciences entrant en contact avec lui, dans le film, est similaire, bien que se situant à deux époques différentes. Il les ressent avant de voir apparaître leur pirogue. Comme si leur destinée les avait amenés à cet homme providentiel dans leurs quêtes respectives :
l’un pour trouver un remède à un mal incurable et l’autre, une plante possédant une vertu unique
Le réalisateur montre d’emblée la puissance, la force physique et spirituelle du Chaman face à ces caucasiens perdus dans l’immensité Amazonienne et présentés comme malades ou comblant un vide pour donner un but à leur vie. Comme si l’Homme blanc s’était détourné de sa véritable nature en se laissant posséder par le matérialisme, le savoir, le pouvoir, le concret, tout en les éloignant de valeurs fondamentales.
Aussi étonnant que celui puisse paraître, ces relations montées en parallèle, mais avec une finalité différente, vont être enrichissantes pour les deux parties.
En effet, le spectateur découvre en même temps que les personnages, les conséquences de l’évangélisation de ces peuples amazoniens mais, aussi, de l’importance de la botanique, de la musique et des chansons pour apaiser les maux autant psychologiques que physiologiques.
L’étreinte du Serpent s’inspire des ouvrages de Théodor Koch Grunberg (9 avril 1972- 8 octobre 1924) ayant étudié les peuples d’Amérique du Sud et ceux de Richard Evans Shultes (12 janvier 1915 – 10 avril 2001). Le directeur de la photographie, David Gallego, sublime la forêt, les montagnes, le fleuve de cette région d’Amérique du Sud qui fut difficile à apprivoiser par l'Homme.
Il s’agit d’un magnifique hommage aux peuples amazoniens disparus (ou en cours de disparition) exerçant un chamanisme œuvrant pour la cohabitation harmonieuse et indissociable de l’Homme avec la Nature, sous toutes ses formes, pour leur survie réciproque. Le Noir et Blanc souligne la perte de cette culture chamanique au fil des années, malgré son importance pour l’Humanité.