Encore plus réussi que le premier
Le monde n’a pas assez parlé du diptyque sur la bataille d’Iwo Jima de Clint Eastwood. Le traiter du côté américain avec autant de virtuosité ne lui a pas suffi, il fallait aussi en parler du côté japonais.
Heureusement, Clint Eastwood n’est pas tombé dans la facilité et n’a pas essayé de traiter des mêmes thèmes que Mémoires de nos Pères. Là où son ainé de quelques mois traitait du retour post-guerre et de l’héroïsme, Lettres d’Iwo Jima traite la postérité des soldats d’une toute autre façon, en restant presque intégralement à Iwo Jima. En effet, le film essaie avec brio d’humaniser un camp qu’on a traité comme inconnu pendant trop d’années, même dans des œuvres aussi géniales que The Pacific. Comme les Américains, les Japonais ne savaient pas tous pourquoi ils se battaient (encore), ni n’étaient tous de valeureux soldats prêts à mourir pour leur patrie sans en comprendre tous les tenants et aboutissants. Ceci, Clint Eastwood le montre avec son habituelle retenue, sa maîtrise totale visuelle et sa poésie, avec un score de Kyle Eastwood encore une fois parfait (qui ne tombe pas dans le japonisant) et un parti pris esthétique extrêmement cohérent et réussi. Comme d’habitude, il a su s’entourer d’acteurs très talentueux, Ken Watanabe et Kazunari Ninomiya en tête.
Lettres d’Iwo Jima est probablement meilleur que le premier film du diptyque au vu de l’importance de l’entreprise de Clint Eastwood et de son talent pour la réaliser. Indispensable.