Plus qu'un simple film de guerre, ce film est une ode à l'humanité portée par le regard en toute pudeur de Clint Eastwood. Un regard froid et cruel sur la guerre qui ne sera entâchée d'aucun manichéisme. Comme ces lettres enfouies sous le sol, l'image emplie de poussière porte le deuil dans un ultime hommage. Accompagnée de quelques notes de piano, elle restitue avec horreur la bravoure de ces hommes sacrifiés sur l'autel de l'honneur.
Isolés sur cette île, ils devront mener une bataille qu'ils savent perdue d'avance en signe d'allégeance à une patrie qui les a déjà oubliés. Après quarante minutes de calme, la bataille commence et met à nu les personnages devant des excès de violence bruts auxquels chacun fera face selon ses convictions, où celles de leur pays pour certains qui se suicideront dans une scène dure du film, mais pas la plus forte.
Car le film ne fait pas la surenchère de la guerre, à travers les destins de ces personnages qu'on découvre dans leurs actes entrecoupés de flash-backs, il se révèle humain et terriblement touchant. Clint Eastwood confronte deux mondes, deux cultures pour mieux appréhender leurs similitudes et montrer la futilité de la guerre, sa cruauté. Pour cela il alterne des séquences de guerre sans concession et superbement réalisées avec des passages plus intimistes où l'émotion se tapit dans des grottes aux jeux de lumières renversant, là où la frontière entre l'obscur et la lumière peut être franchie en un instant.
C'est avec grand respect que Clint Eastwood aborde la culture japonaise, même si certains dialogues en montrent quelques aberrations. A travers ce film, il montre qu'aucun camp n'est bon ou mauvais, que seule la paix importe. Et qu'au final la seule aberration reste la guerre. Une oeuvre forte, brutale, émouvante...une oeuvre humaine et un grand film.