C'est fou ça ! Je n'avais jamais entendu parler de ce Lettres à Iwo Jima avant de le découvrir très bien classé dans le sondage des meilleurs films de guerre... Merci qui ? Merci Sens Critique ! :)
Surtout que bon, voir Clint Eastwood s'intéresser à la Seconde Guerre Mondiale côté japonais, avait de quoi surprendre. Et ce qui aussi surprend d'emblée à l'écran, c'est la photographie : très peu colorée, pour ne pas dire terne, on a l'impression d'un film en gris et blanc. Choix osé mais au rendu intéressant, comme si l'île volcanique d'Iwo Jima n'était déjà plus que de cendres...
Une île que les officiers japonais voudront d'abord défendre dans des tranchées ; mais un Général fraîchement débarqué et sans connaissance de la défaite annoncée s'y prendra autrement, malgré les réticences de ses subordonnés. L'importance stratégique de l'île s'avérait pourtant capitale, les américains projetant à coup sûr de s'en servir comme base pour leurs bombardiers. Une île d'où les derniers civils seront évacués, et dans laquelle les soldats creuseront sous son ordre des galeries afin de se protéger des bombardements américains, puis de mieux la défendre contre leur futur débarquement. Aussi, les infirmiers yankees deviendront la cible prioritaire du stratège japonais.
Les images de ces premières attaques auront de quoi impressionner.
Nous suivrons plus particulièrement un jeune boulanger, enrôlé mais peu obéissant, et dont la femme enceinte motivera les lettres. Le général se révèlera quant à lui sympathique et humain, rendant compte des soldats ennemis comme d'hommes et non de barbares issus de la propagande, le film évitant avec brio tout manichéisme des deux côtés. La notion d'honneur - sans parler de celle de sacrifice - sera également mise en avant : pour les japonais, se faire hara-kiri représente un acte de bravoure devant la défaite, ce qui reste toujours difficile à entendre pour nous occidentaux, ayant l'habitude de le voir comme quelque chose de lâche. Une réflexion récurrente dès qu'il s'agit du Japon, mais toujours aussi passionnante. Et à ce sujet, Clint Eastwood ne lésinera pas sur le gore - à ma plus grande surprise - au cours notamment d'une terrible scène de suicides collectifs.
Enfin, la différence entre la conviction individuelle et la conviction patriotique, entre l'homme et le soldat, sera très bien explicitée au cours de la scène du dîner... Alors pourquoi cette note pas forcément fabuleuse, malgré un fond et une forme aussi convaincants ? Déjà, certaines scènes m'ont paru trop téléphonées (le chien, le final entre le général et son officier), et puis je n'ai pas bien saisi l'intérêt de ce gore à outrance, mais surtout, Lettres d'Iwo Jima souffre d'un gros problème de rythme au cours de la première heure, accumulant les longueurs...
Alors accrochez-vous, parce que la seconde partie du film vaut vraiment le détour !