« On s’emmerde » sont les premiers mots qui résonnent dans la salle de cinéma du film Leurs Enfants après eux. Anthony s’ennuie, sa vie n’est ni passionnante ni stimulante : enfant unique d’un père alcoolique et d’une mère qui rêve d’ailleurs, il n’a nulle part où s’évader.
Démuni, il décide alors de porter tout son intérêt sur Stéphanie. C’est autour d’elle que les mélodies du piano résonnent ; elle ne devient pas seulement à ses yeux une femme qu’il rêve de conquérir, mais son nouveau chemin de vie. Il ne vit et ne décide ses choix qu’à travers elle.
Vol de moto, bagarre, prise de drogues, disputes avec sa mère, et les rares moments de complicité avec son père ne tournent qu’autour d’elle. Mais en réalité, mis à part lui répéter sans cesse « t’es belle », il ne connaît rien d’elle.
C’est sur plusieurs étés espacés, comme des rendez-vous manqués, que lui et Stéphanie se tournent autour sans que rien ne se passe. Les plans sont aussi longs et chargés que l’attente qui règne entre ces deux personnages. Quand on pense enfin qu’une relation va se construire, on se rend rapidement compte que rien n’avait jamais démarré, puisque la relation n’allait que dans un sens.
Ce film raconte l’envie de fuir son village natal sans avoir aucun moyen pour le faire. Anthony reste coincé au point de départ : que ce soit la famille qui le retient, les garçons de son âge qui construisent leurs vies ici, ou bien son rival qui finit par avoir les moyens de s’acheter une moto, il continue de vaciller entre deux routes, sans aucun but précis.
Comment l’ennui nous pousse-t-il à nous imaginer toute une relation, toute une histoire, et toute une vie ailleurs, alors qu’au final, le manque d’action nous fait stagner ?