Grand retour des frères Boukherma à la réalisation, quatre ans après le très remarqué Teddy, et deux ans après le très décrié L'année du requin. Ici, le duo adapte le best-seller de Nicolas Mathieu, vainqueur du prix Goncourt en 2018. Et s'il y a bien une chose à noter, c'est la qualité globale de réalisation. Le film est très plaisant à l'œil, avec des idées de cadres sans cesse renouvelées, et une plastique des années 90 assez bien retranscrite à l'image. De même, le casting est très solide, avec un Gilles Lellouche saisissant de justesse, et un Paul Kircher toujours aussi étincelant.
Le problème, c'est qu'à côté de ça, le long-métrage m'a semblé profondément vain. Il lance pourtant des pistes intéressantes sur l'influence majeure de notre environnement (familial notamment), dans notre éducation et notre construction personnelle. Ou encore sur la transmission de la discrimination et de préjugés racistes irrationnels au sein de certaines sphères de la société. Mais le film n'en fera rien. Pire, il engluera ses personnages dans une caractérisation grasse et forcée (à l’image des séquences musicales ratées).
Le film est beaucoup comparé à L'amour Ouf, dans sa construction et son approche du récit, ce que je conçois. Mais le fait est qu'il exacerbe, selon moi, tous les reproches que certaines personnes ont pu adresser au long-métrage de Gilles Lellouche. L'œuvre m'a notamment semblée excessivement violente, et d'une violence profondément gratuite. Certaines scènes sont très frontales, et paraissent complètement injustifiées, tant l'escalade et le déchaînement des sévices sont soudains. Des pures aberrations narratives, qui vont de pair avec la relation entre Paul Kircher et Angelina Woreth, à laquelle on ne croit absolument jamais. Le chemin du couple se croise et se recroise, porté par des comportements et des réactions inexplicables, en plus d'un manque cruel d'alchimie à l'écran.
Leurs Enfants après Eux s'embourbe ainsi dans un ramassis de clichés et de drames, au sein d'un environnement constamment toxique (supplément père alcoolique). Le tout empêtré dans un pathos exacerbé, et se refusant tout soupçon d'optimisme. C'est bien évidemment ce que le film souhaite raconter, l'impossibilité de sortir d'un cercle intrinsèquement dysfonctionnel. Mais le misérabilisme ne cesse de prendre le dessus, dans un enchaînement de scènes plombantes, ne laissant absolument jamais respirer son spectateur.
Heureusement, la séquence finale sauve un peu le film. Après 2h20 de malheurs purs, les deux réalisateurs nous offrent une infime lueur d'espoir et de bienveillance. Alléluia.
PS : La carte Raphael Quënard dès qu’il faut jouer un camé, on n’en peut plus.
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