Adapté du roman de Nicolas Mathieu, prix Goncourt 2018, Leurs enfants après eux est une chronique adolescente située dans une France des années 90 marquée par la désindustrialisation et l’ennui. Si l’intention de retranscrire une jeunesse désabusée est évidente, l’adaptation souffre d’un manque de souffle et peine à égaler l’intensité du roman.
Le film s’inscrit dans une lignée de récits sur l’adolescence, rappelant notamment L’amour ouf de Gilles Lelouche. La scène en scooter,, ou encore celle du feu d’artifice, où le personnage principal contemple un instant suspendu, similaire à la scène de la comète. Ces moments captent quelque chose de vrai, mais ils ne suffisent pas à donner au film un caractère « inoubliable ».
L’acteur principal est une des grandes forces du film. Son jeu subtil et habité traduit avec justesse l’ambivalence d’Anthony, il a vraiment quelque chose, un personnage pris entre le désir d’échapper à son milieu et la fatalité de s’y voir enfermé. En revanche, l’actrice, malgré des attentes élevées, que j’avais lue déçoit légèrement : elle est juste, mais ne joue pas comme on me l’avait promis. Elle est en retrait.
La réalisation, bien que soignée, manque de risques. La photographie est belle, notamment dans ses plans de paysages industriels ou de lumières d’été, mais le rythme du film est parfois lent, et les dialogues, trop plats, n’aident pas à maintenir l’intérêt. Là où le roman plongeait avec précision dans la psychologie des personnages et dans la texture sociale de leur environnement, le film reste à distance, rendant certains passages longs et peu captivants.
En définitive, Leurs enfants après eux est une adaptation correcte, mais sans la profondeur nécessaire pour égaler son matériau d’origine. Si les amateurs du roman pourraient se sentir frustrés, les non-initiés risquent, eux, de rester indifférents, le film ne donnant pas véritablement envie de se plonger dans l’œuvre. Une occasion manquée pour un sujet pourtant riche et universel.
Je suis mitigée mais ce qui est sûr, il n’égale pas le livre.