Tout était là, sur la table, le cadre d'une petite ville de l'Est désindustrialisée, des rapports sociaux entre les déclassés perdus, les petits bourges de provinces aux maigres aspirations et les petits fils d'immigrés victimes de racisme, la période déjà plus anecdotique sans doute là par nostalgie ou pour placer la BO (très attendue avec des gros trucs FM de l'époque).
L'histoire aussi convenue aurait pu être la surprise, par son ambiance, sa mise en scène comme les Chiens de la Casse ou autres films d'ados perdu à la cambrousse.
Mais patatra, boum, rien ne marche principalement dû au fait que les personnages ne sont que vacuités, vides stellaires ou au mieux vagues fonctions. Le protagoniste taciturne, effacé n'existe pas vraiment, il veut la fille car il la trouve belle, c'est tout, il va le répéter, rien faire de plus, pas apprendre à la connaitre ou s'améliorer, tirer des leçons ou ce qu'il veut, il annone qu'elle est belle et veut coucher avec... Voilà. C'est pas facile sinon d'être en empathie, au moins avoir un vague intérêt pour mollusque échoué balloté par les aléas, même les pires losers du cinéma tentent des trucs, se plantent souvent, mais tentent, lui non.
L'antagoniste se vautre dans le cliché de l'arabe de service, en bas d'immeuble qui traficote, vole et pareil, ne fait rien d'autres que sa fonction scénaristique.
La meuf est belle, basta et elle multiplie les aventures uniquement pour pas que le film s'achève la seconde bobine.
Le père alcoolique boit, la mère paumée se perd, le pote disparait du métrage.
La petite ville de l'Est avec ses friches industrielles aurait pu être n'importe où.
C'est quand même long pour ne rien raconter, que n'a mieux fait douze mille autres métrages sur ce moment, de la Vie de Jesus ou Diabolo Menthe, etc.
L'ennui peut être passionnant, l'absence de but dans la vie peut être un bel enjeu mais le vide beaucoup moins.