Leurs enfants après eux, cette grande fresque adolescente qui nous embarque dans un voyage où l’ennui rural se dispute avec les rêves brisés. Ludovic et Zoran Boukherma, fidèles à leur goût pour les récits qui traînent un peu trop avant de prendre leur envol, signent une adaptation à la fois mélancolique et ironique du roman de Nicolas Mathieu. Un film qui voudrait être un instantané de jeunesse, mais qui flirte parfois dangereusement avec le catalogue d’images vintage pour nostalgiques forcenés.
Là où le film brille, c’est dans sa capacité à capturer l’adolescence dans tout ce qu’elle a de plus tragique et ridicule à la fois. Paul Kircher, qui incarne Anthony, livre une performance oscillant entre nonchalance et colère rentrée, comme s’il hésitait constamment entre fuir sa ville natale et y laisser son empreinte. Angelina Woreth, dans le rôle de Kathy, est tout aussi convaincante : à mi-chemin entre la fille insaisissable et la jeune femme trop lucide pour se laisser berner par les illusions de l’amour adolescent.
Visuellement, le film soigne son ambiance. Chaque plan semble baigné d’une lumière d’été qui donne envie d’écouter du rock en regardant le ciel sans bouger. La mise en scène est naturaliste, presque documentaire, au point qu’on a parfois l’impression d’assister à une reconstitution minutieuse d’une époque où tout semblait plus simple. Mais voilà, si la contemplation est belle, elle devient parfois pesante, et l’histoire, sous prétexte d’authenticité, prend son temps... trop de temps.
On en ressort partagé : Leurs enfants après eux est un film sincère, porté par des acteurs investis et une esthétique léchée. Mais son rythme languissant et son obsession pour la nostalgie le rendent presque figé dans sa propre image. Une belle fresque, oui, mais qui frôle parfois l’exercice de style.