Comment expliquer qu'à chaque fois que je vois le nom de Radu Mihaileanu, j'ai peur de m'ennuyer ? Les critiques parfois négatives l'accompagnant ? À vrai dire, je ne vois pas d'autre explication tant j'ai en définitive (plus ou moins) aimé tous ses films, « L'Histoire de l'amour » étant même l'un de ses plus réussis. Il y a quelque chose de « spielbergien » (toutes proportions gardées) dans le cinéma du français, que ce soit par son approche très lyrique, le choix de la musique, son omniprésence, la volonté de créer des images fortes, de l'émotion à travers les personnages et leurs destins parfois peu communs...
D'ailleurs, si le risque avec ce genre de récits se déroulant à deux époques différentes est souvent qu'un des deux est nettement moins intéressant, nous évitons ici cette impression, avec, quand même, une préférence pour la période contemporaine, tout en trouvant, paradoxalement, les plus belles scènes dans le passé. Parfois légèrement confus, ayant un peu trop tendance à sortir les violons ou à s'intéresser à des sous-intrigues lourdaudes
(les problèmes sentimentaux de l'héroïne),
l'œuvre a toutefois le grand mérite de réussir le mélange si délicat de « la petite histoire dans la grande », d'aimer passionnément ses personnages et de les rendre aussi attachants à toutes les périodes, même la formidable Sophie Nélisse faisant presque figure d'héroïne « à l'ancienne ».
Belle interprétation générale, d'ailleurs (oui, même en VF : pas le choix!!), où le cabotinage de Derek Jacobi finit par se révéler presque touchant au fur et à mesure des révélations sur une existence pour le moins contrarié :
perte de la « femme la plus aimée au monde », romans volés (deux fois!!), décès du fils...
Cela pourrait être pesant, c'est souvent intense, notamment dans cette description d'une solitude infinie, le
« twist » de l'ami « imaginaire »
se révélant assez fort, d'autant que totalement inattendue.
Curieux qu'en définitive, le film manque un peu d'émotion
(la scène des retrouvailles à New York exceptée, admirable dans sa construction)
et peut-être aurais-je moins été indulgent si j'avais lu le roman (visiblement supérieur), mais en attendant, cette (courte) fresque, sensible et juste, pleines de grands sentiments et de destins (parfois brisés) a beau avoir été un sérieux échec commercial, nous sommes heureux de la découvrir, tout en se demandant, parfois, à quoi se joue le succès d'un titre. Radu, promis, désormais, je ne douterais plus de toi.