Entre nous, étant un grand fan de Paul Thomas Anderson, je dois reconnaître que je me faisais un peu chier sur ses derniers films. The Master m'avait laissé sur ma faim, Inhérent Vice m'avait déconcerté et Phantom Thread un peu ennuyé. Autant dire, que ce Licorice Pizza et son curieux sobriquet n'était pas tellement attendu comme le Messie, il n'était d'ailleurs pas du tout attendu tant son annonce s'est déroulée avec une certaine discrétion.
Contre toute attente, cet inattendu Licorice Pizza est une franche réussite. On sent de suite le plaisir que prend P.T. a filmer cette succession d'événements assez improbables, ces gamins insouciants qui parcourent les rues de L.A. Au milieu de ce joyeux bordel, trône Alana Haim, révélation du film, muse de Anderson qui imprime sur la pelliculle chaque émotion qui parcourt le corps de cette étonnante jeune demoiselle. C'est peu dire qu'elle illumine chaque scène où elle apparaît, soit quasiment toutes les scènes. Et quand elle disparaît de l'écran, son absence est heureusement compensée par les incursions fascinantes de personnages assez surprenant de folie. Dans ce registre, difficile de ne pas citer Bradley Cooper qui plonge sa trop courte apparition dans une forme de folie parfaitement jubilatoire et orgiaque.
Ainsi, Anderson déploie une galerie de personnages fascinants, un assemblage de morceaux de bravoure, inégaux dans leur qualité, mais dont on ne se lasse jamais. Un bien curieux cocktail qui mélange la candeur d'un Moonrise Kingdom, sa romance, son humour et la douce folie nostalgique qui irrigue le Once Upon a Time in Hollywood de Tarantino. En ce difficile début d'année 2022, cet improbable Licorice Pizza est un précieux moment de folie, de plaisir, totalement salvateur et réconfortant.