Encensé par la presse, c'est le moins que l'on puisse dire, Licorice Pizza risque de ne pas répondre à toutes les attentes des cinéphiles qui ont vu et aimé sans restriction les précédents films de PTA. Cet enthousiasme unanime des critiques a quelque chose de suspect, quand même (le cinéaste est-il intouchable ?), comme s'il n'y avait pas débat et motif à avouer que bon, le charme dégagé par cette pizza à la réglisse était réel, mais de là à en faire un chef d’œuvre ultime, il y avait de la marge. C'est plutôt le sentiment de regarder un premier film, inégal et imprévisible, qui prédomine pendant la plus grande partie de Licorice Pizza, avec quelques tunnels narratifs au passage, et en contrepartie plusieurs scènes assez folles, notamment avec les caméos survoltés de Tom Waits, Sean Penn et Bradley Cooper. Mais au final, il faut bien avouer que la maîtrise de PTA est confondante, au service d'une comédie romantique très contrariée et sujette à des épisodes plus ou moins crédibles. Il s'agit d'un film on ne peut plus américain, c'est une évidence, mais qui récuse quelques clichés hollywoodiens bien ancrés, comme la différence d'âge entre ses deux tourtereaux (15 ans pour lui et 10 de plus pour elle, mais la différence à l'écran ne semble pas assez aussi grande) et dans leur physique banal, qui les fait ressembler à la fille et au garçon d'à-côté. Bien aidé par une B.O stimulante, le film est une évocation nostalgique comme un souvenir d'adolescence, avec de l'insouciance, du désir et de l'audace. Avec ses personnages imparfaits mais touchants, incarnés par l'excellent duo formé par Alana Haim et Cooper Hoffman et une certaine virtuosité pour créer une ambiance et des situations (excentriques voire absurdes), au fil d'un récit qui ne choisit jamais la ligne droite, PTA réussit en grande partie son film même si la postérité le classera vraisemblablement parmi les œuvres mineures du cinéaste.