Mais quel est donc le propos de ce film ? Qu'a voulu nous dire Anderson ? A-t-il voulu nous montrer, à travers cette évocation, qui s'étale sur trois ans, de l'âge d'or de la Californie les signes avant-coureurs du désastre qui s'annonce : crise énergétique et climatique, violences policières et entreprenariat compulsif ? Même si ces thématiques figurent en filigrane, parfois ponctuellement, dans le film, cette interprétation me semble un peu ténue pour tenir la route. Peut-être est-ce moi qui cherche à tout interpréter ? Mais, sinon ? Un film qui ciblerait un public de boomers non dépourvus de patrimoine mais multi-confinés et pfizérisés à donf ? Pour ceux-ci, deux heures de nostalgie joyeuse pour revivre au ciné leurs jeunesses dorées et insouciantes ?
A côté, peu importe. Le film est rythmé, joyeux. Alana et Gary sont mignons tout plein. Ils ne se prennent pas le chou et leur histoire, entre hésitations et différence d'âge, d'une part, et irrésistible attirance, d'autre part, est touchante. Avec la pointe d'originalité qui va bien, pour donner une comédie romantique qui sort ainsi un peu des poncifs du genre. Le film est ainsi plutôt agréable à visionner et comporte d'excellents dialogues ainsi que quelques scènes particulièrement réussies. Même si, j'ai pu par moment déplorer certaines longueurs, toujours et encore ces passages sans dialogues sur fond musical, celui-ci étant évidemment évocateur des seventies.
Licorice Pizza est probablement, dans le genre, ce qu'Hollywood peut désormais produire de mieux, sans s'écarter de sa vocation actuelle, qui est avant tout d'être une industrie de divertissement. Entendons nous bien, il est question d'industrie, mais pas de (septième) art. Tout ça pour dire qu'à mon sens, et ma notation en témoigne, on peut faire mieux ailleurs. Et c'est comme si, d'une certaine manière, Anderson en avait conscience puisque son évocation de l'âge d'or californien emprunte également le chemin de celle de l'âge d'or d'Hollywood. Qui est omniprésente dans le film, à travers quelques très bons seconds rôles, mais dont on remarquera qu'ils présentent presque tous la caractéristique d'être interprétés...par des boomers. Serait-ce là une manière de boucler la boucle ?