Je n'ai pas trop aimé ce film. Je pense qu'au fond c'est parce que j'adhère pas trop à l'objectif qu'il se donne.
Commençons toutefois par les points positifs :
- La bande-son est au top (je suis une grande amatrice de cette époque quand il s'agit de musique, donc ça m'a forcément bien embarquée),
- La reconstitution de Los Angeles dans les années 70 est sûrement remarquable. On sent que le réalisateur a mis un point d'honneur à ce que ce soit au détail près,
- Les acteurs sont objectivement très bons,
- La manière de filmer est virtuose. Le premier plan-séquence annonce dès le départ que la réalisation se veut brillante. Souvent ça sert son sujet et ça donne lieu à de belles scènes. Même si courir les cheveux au vent sur David Bowie reste assez facile, il faut admettre que ça fait son effet. J'ai bien aimé aussi la manière de filmer le rapprochement des jambes des personnages sous la table quand ils travaillent : ça m'a vraiment fait ressentir les émotions de l'adolescence.
Bon maintenant, rentrons dans le fond. L'histoire d'amour entre Alana et Gary, ou plutôt leurs perpétuels rendez-vous manqués, est au centre du film mais n'est pas le sujet du film.
Le but est de dépeindre une époque. Je comprends que c'est un film qui se veut intellectuel, dans sa forme comme dans le sujet qu'il traite. La suite de tableaux qu'on nous propose est truffée de références (que je ne maîtrise pas toutes d'ailleurs, je ne connaissais pas William Holden par exemple), de métaphores, de paraboles. Chaque scène ajoute donc une dimension au tableau global, mais aucune dimension n'est vraiment creusée : par exemple le politicien Joel Wachs doit cacher son homosexualité, on nous le dit mais on ne va pas plus loin dans l'analyse. Je comprends bien que c'est pas l'objectif du film, mais du coup ça m'a vite lassée.
Évidemment, le sujet consiste encore moins à creuser psychologiquement les personnages. Au fond il n'y a que deux personnages (Alana et Gary). Les autres sont soit des figurants (frères et sœurs, parents, qui n'ont quasi aucune réplique), soit des guest stars (donc qui fonctionnent comme des archétypes). On pourrait quand même s'attendre à un peu de profondeur pour les deux personnages centraux, mais je trouve que c'est loupé :
- Concernant Alana, on sent que le projet est de lui faire porter le passage de l'adolescence à l'âge adulte : elle s'émancipe de sa famille, passe par une moment de fascination pour des hommes des pouvoir, ressent finalement un besoin d'aller faire de la politique… Mais tout reste assez superficiel : on ne réfléchit pas profondément le rapport à la famille, le dîner avec l'homme de pouvoir n'est pas traité en tant que tel mais en tant qu'il suscite la jalousie chez Gary, et quand elle va faire de la politique j'ai l'impression qu'elle est toujours dépeinte comme un peu conne (en mode ça reste une nana).
- Quant à Gary, il est encore moins creusé car est là pour représenter le rêve américain : toujours optimiste, sûr de lui, prêt à se lancer dans n'importe quel business avec entrain. Le résultat c'est que le personnage reste superficiel pendant 2h13 (relation aux parents ? ressentis profonds ? pourquoi cette projection sur Alana dès qu'il la voit?).
La relation amoureuse entre eux n'est jamais vraiment réfléchie, c'est juste un perpétuel jeu de chat et souris. Ok. C'est quand même fou qu'il n'y ait aucune réflexion sur la différence d'âge. Pourquoi leur mettre 10 ans d'écart si finalement on ne le traite jamais ?
Enfin je déplore la manière dont les femmes sont filmées. Déjà il n'y en a pas beaucoup, et elles sont toujours des objets sexuels. Ce qui est énervant, c'est qu'avec ce genre de film, la réponse toute faite c'est : "oui mais dans les années 70, c'était comme ça". Bof, déjà, ça dépend du prisme qu'on prend sur cette époque (le féminisme connaissait une vague importante, hein). Et ensuite, ça donne quand même l'impression que ça fait bien kiffer le réalisateur.
Bref, je suis passée à côté de ce film. J'ai apprécié la virtuosité de reconstitution et de réalisation pendant environ 1h et je me suis ennuyée ensuite.