Tout aussi nostalgique mais moins cliché que d'autres films sur les seventies, notamment grâce à des acteurs hors des « canons » hollywoodiens et à un couple atypique, Licorice Pizza entremêle déboires amoureux et passage à l'âge adulte, au tournant de la crise pétrolière de 73 où les projets naissent aussi vite qu'ils ne meurent dans l’esprit de Gary.


Plus proche de Punch-drunk Love qui m'avait tant marqué à mon adolescence on retrouve dans ce film presque la naïveté d'un film de jeunesse, une folie douce-amère qui idéalise une époque de jeunesse intrépide et immortelle. L'histoire de Anne et Gary connaît des hauts et des bas aussi bien dans son fond que sur sa forme les épisodes qui la composent étant souvent inégaux. Le piège avec la nostalgie c'est qu'elle est tellement confortable on a du mal à lâcher. Plusieurs scènes comme celle avec Sean Penn ou Bradley Cooper traînent un peu en longueur, avec une vraie baisse de rythme en partie centrale, là où les débuts et fin sont plus ambivalent et joue entre le léger drame et l’absurdité comique. En dehors des baisses de rythme, mon plus gros reproche au film serait son final un peu trop convenu et gnangnan à mon goût (on me dit que je suis trop cynique), où Alana se fige dans une posture bien plus conventionnelle que l'image d'émancipation qu’elle tente d'adopter tout au long du film.


Mais le tour de force du film est sa capacité à nous faire ressentir le quotidien d'une époque avec un film riche en détails de couleurs, de motifs, de matières, de sons et de musique — et presque d’odeurs. Niveau visuel le film est très abouti il est bien sûr servi par une bande-son de légende, ce qui ne fait qu'ajouter au plaisir du visionnage.


Le talent de Paul Thomas Anderson réside également dans l'écriture de ses personnages. Complexes et nuancés, à la limite de l’hyperactivité, les deux héros mais également l'ensemble des personnages secondaires viennent apporter une grande richesse au film. Il faut reconnaître que le bouillonnement intérieur, cette folie douce, est parfaitement reflété dans une narration de chaos ordonné (car rien n’est vraiment laissé au hasard). L'apothéose du talent du réalisateur et de ses acteurs se dévoile vraiment dans cette magnifique scène de la descente en roue libre, symbole du lâcher prise nécessaire au bonheur des héros.


En alternant entre ces films maîtrise millimétrée et loufoquerie libératrice, Paul Thomas Anderson continue à tracer son chemin parmi les grands cinéastes.

Créée

le 28 janv. 2022

Critique lue 38 fois

Alice Perron

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