Un teen movie dans les années 70 réalisé par Paul Thomas Anderson... Hum... Intéressant.
Une histoire d'amour interdite, illégale, impossible et pourtant qu'on ne trouverait au bout du compte ni illogique ni immorale, entre un lycéen de 15 ans hyper mature et une jeune femme de 25 ans encore adolescente. Le paradoxe de la maturité équilibre la différence d'âge.
La dénonciation du mâle alpha, viril (mais vieux, incarné par des acteurs célèbres mais du passé : Sean Penn, Bradley Cooper, Tom Waits) est flagrante : la Porsche sans essence, la chute après le saut à moto, l'ivresse de ces hommes qui ne valent plus grand chose malgré les illusions énergiques qu'ils nourrissent encore.
Au contraire, ces deux jeunes qui sautent sur toutes les occasions de business (surtout Gary, le lycéen très adulte de 15 ans fou amoureux d'Alana, la jeune femme de 25 ans qui l'accompagne comme tutrice, "chaperon") débordent d'énergie, ils courent dans tous les sens. On retrouve le Denis Lavant de Mauvais sang qui court sur Modern Love de David Bowie, quand Gary court, dans la rue aussi, sur Life on Mars de ce même Bowie. C'est que la musique est omniprésente dans Licorice pizza (titre faisant métaphoriquement penser à un vinyle),et participe à son ambiance. On passe par le showbiz, par le commerce de lit à eau, puis de flipper, par la politique enfin... Autant de divertissements qui rapprochent et éloignent ces deux jeunes qui n'ont légalement pas le droit de s'aimer. Tout le film est un long marivaudage. Mais, conformément à Musset, on ne badine pas avec l'amour. Et comme il est plus que réciproque, comme il est plus que destiné, il apparaît moral et inévitable. C'est un moyen de survivre dans ces seventies soudain freinées par les crises pétrolières. Tout comme la musique.
Paul Thomas Anderson sort de l'ombre qui obscurcissait son œuvre récente, mais ne sort pas de sa misanthropie, de son insolence, de ses propos obscurs et persos affreux... Dollar, quand tu nous tient ! Cependant, on ressort avec le sourire coupable d'avoir trouvé cette histoire d'amour plus que sincère, et on entend le petit rire de PTA glousser à notre oreille que morale n'est pas légalité.