"Why don't we sit down and talk this thing over?"

Lily Powers sort de nulle part. Et elle en a marre de côtoyer les poivrots de ploucville qui viennent s'attabler dans le bar/tripot miteux de son père. Ce dernier, peu scrupuleux, n'hésite pas à se servir de la beauté de sa fille pour essayer d'en tirer tous les dividendes possibles, comme s'assurer une protection de la part d'un mafieux afin que la police continue de fermer les yeux sur ses activités pas très légales.

Lily la belle jeune femme désabusée n'est pas du genre à riposter mais elle aime bien faire tourner en bourrique malgré tout, juste pour le principe. Juste assez pour s'attirer 2-3 baffes, rien de plus. Elle sait qu'elle n'est qu'un appétissant morceau de viande aux yeux de ces soiffards qui bavent en la voyant jouer à la petite serveuse. Un client plus respectable passe la voir de temps en temps, elle l'apprécie déjà mais ce dernier aimerait...bah qu'elle se bouge son petit cul bien roulé pour s'en servir à bon escient au lieu de trainer auprès de la lie de ce bas monde. Il lui fait lire Nietzsche (elle s'en fout un peu...) et lui inculque quelques préceptes.

A la mort aussi idiote qu'inintéressante de son père dans un accident stupide. Le client conseille à Lily de faire son baluchon et de s'en aller vers la grande ville...et d'y acquérir le rang qu'elle devrait mériter, par tous les moyens. Va chercher le sommet ma petite, mais fais le de la manière la plus efficace et rapide. Sers toi de ton corps^^. Oui c'est cynique, oui c'est dégradant mais après tout l'important est d'atteindre le sommet. Peu importe si mérite ou pas il y a. Le postulat du film c'est que le mérite c'est comme le reste : de la garniture^^.

Donc on va suivre l'ascension de Lily à NY, accompagnée de sa fidèle bonne qui bossait avec elle dans le bar. Lily décide de tenter sa "chance" (le jeu est pipé, quand la chance se résume à avoir un corps somptueux...il n'est jamais vraiment question de chance, mais d'opportunité plutôt) dans une grande banque. L'attrait phallique de la grande tour on peut penser^^. La règle consiste à coucher étage par étage jusqu'au dernier. Et évidemment ça marche. Il ne faut que très peu de temps à la jeune ambitieuse pour planter son soutien gorge au sommet. Elle atteint le rang suprême de la salope^^ : Maitresse entretenue par le patron de la banque. Un titre qui s'acquiert autrement qu'à la sueur du travail, enfin pas celui qu'on pense en tout cas.

La réussite du film se situe à nous relater l'histoire de Lily avec le plus de détachement possible. Comme elle, le réal ne fait pas dans les sentiments. Peu importe les relations humaines entre les personnages, ce n'est pas le sujet. Lily n'aime qu'elle et elle seule. Dès qu'elle grimpe un étage, elle lâche le poids mort. Cela peut paraitre bien trop froid et limité mais justement c'est exactement ce qui m'a plu. Une bonne mise en scène doit mettre en relief l'histoire. On ne peut pas faire beaucoup mieux avec cette approche. Puis la star c'est Barbara Stanwyck. On la met en avant de la meilleure manière possible au moins. Elle est parfaite. Divinement détestable. Adorablement imbuvable et méchamment irrésistible.
Bunk_McNulty
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste La crème

Créée

le 3 janv. 2014

Critique lue 361 fois

3 j'aime

Bunk_McNulty

Écrit par

Critique lue 361 fois

3

D'autres avis sur Liliane

Liliane
Boubakar
7

La première féministe du cinéma ?

Tourné en pleine période de Prohibition, et quand le codes Hayes n'était pas encore en vigueur, Baby Face est un portrait impitoyable d'une femme prête à gravir les échelons de la société en usant de...

le 22 mars 2013

5 j'aime

Liliane
Alligator
5

Critique de Liliane par Alligator

Une histoire gonflée : une femme, fille d'un gargottier prêt à offrir sa progéniture à un quelconque politicard pour sauvegarder son bouge, s'en va à New-York pour grimper à la force du poignet et du...

le 11 févr. 2013

5 j'aime

Liliane
busterlewis
6

Critique de Liliane par busterlewis

Baby Face n'aurait jamais pu voir le jour à l'époque du code de censure. Aujourd'hui, il est le parfait exemple de ce qu'Hollywood pouvait produire avec le parlant au tout début des années 30. Avant...

le 2 oct. 2012

5 j'aime

Du même critique

La Femme aux miracles
Bunk_McNulty
7

Prêchi-prêcha

Film intéressant pour son côté vindicatif où l'on n'hésite certainement pas à mettre à mal la religion. L'avantage avec la foi des autres, c'est qu'on peut en faire ce qu'on veut. Et Capra tient là...

le 5 mars 2014

7 j'aime

La Vie d'Adèle - Chapitres 1 et 2
Bunk_McNulty
10

Naturalisme, lyrisme...magnifisme

Adèle est en moi, elle a laissé à jamais une trace dans ma vie puisque je viens de partager la sienne. Je l'ai vue jeune et devenir femme, j'ai partagé ses joies, ses peines, ses sourires, ses moues,...

le 9 mars 2014

6 j'aime

Le Retour
Bunk_McNulty
8

Home bittersweet home

Ashby dans toute sa splendeur qui traite un sujet qui lui sied tellement. Lui le défenseur des misfits de la société. Coming home a le mérite d'avoir une place à part dans toute la filmothèque vaste...

le 12 janv. 2014

6 j'aime

1