La délicatesse du titre qualifie parfaitement un film sur le fil, mélodrame chuchoté coloré de bruns et d'ocres, au déroulé théâtral et attendu, dans lequel chacun se retrouve.
C'est une finesse d'écriture, une élégance de mise en scène, la caméra de Hong Khaou comme en apesanteur, les visages en amorce des champs-contrechamps au cadre soigné, des plans de coupe sur la nature en hiver, la musique en sourdine, toute une grammaire cinématographique parfaitement maîtrisée au service d'un récit linéaire et simple, plutôt convenu, puisant sa singularité à la barrière des langues, des générations, des non-dits.
Il s'agit de deuil et de coming-out, de rapprochements difficiles, de volonté de pleurer ensemble celui qui est mort. En disparaissant, Kai laisse sa mère Junn seule dans une maison de retraite et son compagnon seul dans son appartement. C'est lui, Richard, qui va entreprendre le lent rapprochement.
Dominé par la subtile composition d'un Ben Whishaw profondément attachant, doux amant aux côtés du charmant Andrew Leung et gendre pas idéal pour Pei-Pei Cheng, mère en souffrance mais jamais fermée au dialogue, Lilting ou la délicatesse déroule le fil un peu suranné d'un récit humaniste et bienveillant.
On pense au magnifique In the family de Patrick Wang, l'audace en moins, les deux films abordant l'un et l'autre la thématique du deuil et du métissage avec nuance et profondeur.