Limbo
6.6
Limbo

Film de Soi Cheang (2021)

On est toujours surpris par la manière dont la critique, probablement de moins en moins cultivée, et le public, se laissent abuser par des films de piètre qualité, mais vendus avec des arguments clinquants.

Oui, l'image de Limbo est belle, avec ses forts contrastes à la Sin City, mais que nous dit vraiment ce maniérisme lorsqu'il est appliqué ainsi à un univers de dépôt d'ordures infini, figurant la ville de Hong Kong ? Que la forme est TOUT... et en effet, le fond du film est au mieux inexistant, au pire consternant. Car cette interminable enquête policière qui n'est qu'un invraisemblable amas de coïncidences et d'incohérences, menée par deux policiers qui ne sont que des stéréotypes, ne présente pas beaucoup d'intérêt : à la recherche d'un serial killer caricatural - qui aime sa maman à la main amputée et essaie de la retrouver chez les femmes qu'il séquestre - nos deux caricatures de flic feront tellement de choses absurdes qu'on ne peut éviter de décrocher de l'aspect "polar" du film, et de passer le temps, qui paraît bien long, à "admirer" l'image et, admettons-le en toute bonne foi, quelques moments de bravoure - en général des scènes de poursuite - bien mis en scène.

Et bien entendu, puisqu'on a du temps à perdre, à identifier les films que Soi Cheang a pillés - et mal - pour monter son escroquerie : Se7en, bien entendu, pour l'ambiance glauque et la pluie permanente, mais surtout The Chaser (et non pas Memories of Murder comme les "incultes" le disent) pour le radicalisme coréen.

Mais le plus désagréable finalement, ce sont ces idées bien toxiques qui transparaissent peu à peu au fur et à mesure que le film progresse : le tueur est un immigré sans abri, japonais au demeurant, tandis que les femmes ne méritent que de recevoir des coups, ou d'être violées si elles sont jeunes et jolies. Car l'absence de recul, de point de vue d'une mise en scène qui est avant tout dans la jouissance voyeuriste, autorise toutes les dérives idéologiques. Et ça, ce n'est même plus grotesque, c'est dégueulasse !

[Critique écrite en 2023]

EricDebarnot
3
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le 24 août 2023

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Eric BBYoda

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