Des bases solides n'empêchent pas toujours la fragilité.

L'Immensità, production franco-italienne, est un film réalisé par Emanuele Crialese. Il est le cinquième film du réalisateur italien, après onze années d'absence, et est le premier film que je vois de lui.

Le film narre un segment d'une vie familiale dans l'Italie des années 70 à travers les yeux d'Adriana, âgée de 12 ans. Entre l'arrivée de l'adolescence, son rôle de grande sœur et surtout la vie de mariage très tendue entre ses parents, nous suivons le quotidien morose de ce personnage qui préfère être nommé Andrea, remettant en question son identité.

Le film aborde des sujets forts sans que le film le soit forcément. En effet, on reste plutôt à la surface tout le long du film. Cela n'est pas si dérangeant et peut être excusé par le fait que le film ne semble pas vouloir faire plus que de montrer une tranche de différentes vies. Un film n'a pas pour vocation à forcément être dans le sensationnel, avec une évolution de personnages et de situations spectaculaire.

Ce qui est plutôt dérangeant dans ce film et qui selon moi l'empêche d'être aussi puissant que ces thèmes est la prévisibilité à laquelle Crialese met en scène son histoire. Aussi bien par sa réalisation que par l'écriture. Les situations sont à peine amorcées que nous savons tout de suite où la scène va aller et souvent comment elle se terminera. Certaines scènes vont un petit peu trop vite à mon goût et gagneraient à ce que l'on s'y attarde plus, afin que le spectateur puisse vraiment être imergé et ressentir plus pleinement la joie, la peine ou le malaise des personnages. Crialese utilise aussi des petites facilités dans sa structure narrative (les paroles du professeur de sciences qui hors contexte vont comme par hasard faire écho avec ce que ressent Andréa et totalement répondre à la scène précédente, par exemple).

Le principal défaut pour moi est l'utilisation de la musique, omniprésente dans les moments dits "d'émotion". Déjà, sur le point strictement musical, c'est pas vraiment inspiré et c'est typiquement ce que l'on nous habitue à attendre et entendre dans ce genre de contextes. Cinématographiquement, je trouve qu'elle ne rend absolument pas service à ces scènes qui n'en n'avaient pas besoin. À titre personnel, c'est un aspect qui m'a doucement fait soupirer, une manière superficielle pour moi d'appuyer sur quelque chose que le spectateur avait parfaitement saisi et dont il était prêt à s'émouvoir. Cela dit, peut-être que certains le seront (émus) et c'est très bien.

Néanmoins, prévisibilité et facilités de côté, L'Immensità est un joli film qui a ses moments touchants. Les sujets traités sont suffisamment universels et importants pour que nous soyons concernés et parfois touchés. Quelques très jolies scènes, comme celle de la rose (les scènes entre les deux personnages concernés occasionnent souvent de jolis moments) et les réinterprétations musicales construites par l'imagination d'Andrea (la première donne le sourire, la deuxième est pour le coup assez émouvante et la troisième est aussi réussie avec une douce ambiguïté) qui sont superbes.

La principale qualité du film est selon moi sa distribution. Les trois enfants sont très bons, mention spéciale à l'actrice principale Luana Giuliani, touchante et plutôt épatante. Penelope Cruz est elle, comme souvent, très bien dans son rôle.

L'Immensità est un joli petit film qui selon moi n'a pas optimisé son potentiel mais qui n'en reste pas déplaisant pour autant. Un film qui sera plus ou moins apprécié en fonction des différentes attentes que se feront les spectateurs.

starlessnassim
6
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le 16 janv. 2023

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starlessnassim

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