L'influence et le pouvoir donné à Abraham Lincoln dans ce film est à son paroxysme. Ce personnage est ici décrit comme l'une des figures les plus importantes de l'histoire des Etats-Unis.
Daniel Day Lewis réussit à donner à Lincoln ce côté bienveillant et généreux tout en appliquant sans faille ni loi son autorité et ses pouvoirs de Président des États-Unis. Aucun autre homme ne le surpasse et il semble être bien seul dans ses raisonnements car les hommes qui l'entourent ne sont qu’exécutants et bloqués dans une réflexion archaïque et conservatrice. Ce film est une ode à Lincoln et à ce qu'il a réalisé durant la Guerre de Sécession, l'approbation du XIIIe amendement étant le fil rouge du scénario.
En pleine période de Guerre de Sécession, la paix entre les États esclavagistes du sud et les États du Nord fait pression sur l'approbation du XIIIe amendement. En effet, Lincoln profite de ce conflit pour presser la chambre des ministres à modifier la constitution sous peine de prolonger la guerre. Mais certains ministres réfractaires à l'idée d'abolir l'esclavage ne voient pas en cette amendement la solution de la fin de la guerre et vont tout faire pour établir la paix d'une autre façon.
Tout ce travail d'influence, voir même de manipulation, que va mettre en place le Président va être détaillé par les scénaristes. L'embauche de complices qui ont pour but d'influencer un maximum de ministres vers le chemin de l'abolition de l'esclavage en est un exemple.
On entre également dans l'intimité d'Abraham Lincoln et dans les relations qu'il entretient avec ses deux fils, Tad et et Robert, et avec sa femme Mary. Cette vision personnelle nous conforte une fois de plus dans l'idée que nous nous faisons du personnage de Lincoln, un homme doux et aimant mais aussi dévoué à son rôle.
Une grande majorité des scènes du film se passent dans des endroits très sombres, avec des personnages vêtus de costumes également très obscurs. Ce manque de couleurs a un fort impact sur les longs dialogues déjà très linéaires et ajoute une triste atmosphère au film. Difficile de rester accroché au scénario d'une histoire vraie lorsque la mise en scène morose reste quasiment similaire du début à la fin. Heureusement, Daniel Day Lewis et Tommy Lee Jones, nous garde en haleine grâce à leur jeu d'acteur sans pareil qui donne au long-métrage toute son essence.
Les dialogues du personnage de Lincoln sont généralement des monologues longs mais très respectés et très écoutés puisque lorsqu'il ouvre la bouche, aucun autre homme n'ose couper son élan de paroles et tous l'écoutent avec admiration comme s'il représentait la justesse et la sagesse.
Un film sur la figure la plus importante des États-Unis ne peut être que bien reçu sur le territoire américain mais nous avons comme une impression de suffisance, comme si Spielberg s'était contenté de raconter l'histoire du XIIIe amendement en oubliant les codes cinématographiques, comme si ce film n'était destiné qu'aux américains dans le but de leur faire ressentir les racines de leur histoire. Or, la mise en scène et les dialogues auraient pu être bien plus chiadés et bien plus intéressants.
Encore un énième film Spielbergien suffisant et intéressé, comme une impression de gâchis et de camouflage. Comme si un des passages les plus importants de l'histoire de Lincoln et des États-Unis suffisait à en faire un film, sans prendre en compte les histoires parallèles qu'ont révélé cette histoire et en donnant tous les honneurs aux hommes politiques de cette période.