Certes, Lincoln est long. Certes, le film n'est pas avare de mots mais il faut saluer le "courage", l'intégrité artistique de Spielberg face à son projet.
Aujourd'hui, et depuis quelques années déjà, les films sont devenus comme épileptiques. Des images de quelques secondes à peine, un montage fait par un fou furieux et surtout, des dialogues qui perdent de leur saveur. Spielberg renverse la tendance. Il nous impose la lenteur. Il nous impose les discussions de couloir, les discours publics, les débats politiques, les manigances, les échanges verbaux privés (voire secrets) et ce, pour nous faire bien comprendre l'importance, d'une, de cet évènement historique, et de deux, de la parole en tant qu'objet de pouvoir. Si la première heure et demie est longue, la seconde partie n'est en que plus vivante et vibrante d'émotions.
Vraiment, malgré la longueur de ce film, il faut saluer le courage de Spielberg de vouloir faire un autre cinéma que celui qui domine aujourd'hui. Des longs plans, une lumière et un décor travaillé. Une reconstitution historique éblouissante et un Lincoln (mi-vieillard, mi-enfant) dont le profil ne cesse de se détacher de l'obscurité qui l'entoure toujours un peu plus.