Lincoln : quand Daniel rencontre Steven...
En plus d'être un biopic sur l'un des président américain les plus apprécié et connu, Lincoln est aussi la rencontre entre deux monstres sacrés du cinéma : Daniel Day Lewis et Steven Spielberg. Pourtant, la rencontre n'a failli jamais se faire, Daniel Day Lewis avait, dans un premier temps, refusé le rôle. Il fut donc remplacé par Liam Neeson, qui finalement décida de jeter l'éponge, et laissa la place à Daniel Day Lewis qui accepta. Abraham Lincoln est le 16ème président américain, qui fut élu pour deux mandat, en 1860 et 1864 (qu'il ne termina pas car il faut assassiné le 15 avril 1965), et le premier président républicain. Il a marqué profondément l'histoire américaine et son nom est souvent associé à la guerre de Sécession et à l'abolition de l'esclavage. Le film s'intéresse au derniers mois de sa vie et surtout de son combat pour faire passer le 13ème amendement de la Constitution Américaine (mettant fin à l'esclavage en Amérique) juste avant la fin de la guerre de Sécession. Il est adapté du livre "Team of Rivals" de Doris Kearns Goodwin. Le choix de ne montrer que les derniers mois de la vie de Lincoln rend le film surprenant. Ce n'est pas juste un biopic formaté, comme on aura pu le craindre, mais une leçon d'histoire (un des reproches que font les détracteurs du film). Et à ce niveau là, Mister Spielberg s'y connait, avec des film comme La Couleur Pourpre (1985), Empire du Soleil (1987), La Liste de Schindler (1993), Amistad (1997), Il faut sauver le soldat Ryan (1998), Munich (2006). Il n'y a pas vraiment de suspense car tout le monde connait les différentes finalités. Pour autant, le film n'en demeure pas moins intéressant et passionnant. Spielberg est un extraordinaire conteur, et le prouve une nouvelle fois encore. Au lieu de nous montrer de grande scènes de batailles, il préfère poser sa caméra dans les couloirs du Congrès et de la Maison Blanche. L'ensemble est très théâtrale (pas étonnant alors qu'il ait de nouveau collaboré avec le dramaturge Tony Kushner, après Munich). Le film ne manque pas pour autant de grands moments et d'instants suspendus. Après tout, c'est plus qu'un biopic ou un film politique, c'est un film sur la politique. Ce parti pris peut désarçonner le spectateur car l'ensemble dégage une atmosphère assez lente et calme. Pour autant, on assiste à des joutes verbales, à des rebondissements ou des surprises. On voit aussi bien le devant de la scène que l'envers du décors (avec son lot de corruption et de coups bas). Beaucoup de monde circule dans les allées du Congrès ou de la Maison Blanche : de grands hommes, ou des plus petits, des idéalistes, des visionnaires, ou des conservateurs. Dans une certaines mesure, on peut y voir un parallèle avec le monde actuel. La mise en scène de Spielberg est assez classique et académique, mais elle n'en demeure pas moins vivante et dynamique. Il prend le temps de poser les différents éléments de son récit, rendant chaque situation ou anecdote intéressante. Bien que tout ne peut nous être montré à l'écran, car l'histoire est assez complexe, il laisse des portes ouvertes à ceux qui voudraient s'intéresser plus en détails à cette période. On assiste aussi bien à des moments de vie "basique" (Lincoln qui va coucher son fils) qu'à des moments très importants (le jour du vote, les réunions de Lincoln avec ses collaborateurs). Ces moments de vie "basique", n'apporte pas toujours grand-chose et c'est un peu dommage. Même quand l'homme n'est pas présent à l'écran, on ressent sa présence, son aura. La raison principale est l'interprétation époustouflante de Daniel Day Lewis qui a réalisé un travail de dingue pour rendre de nouveau vivant Lincoln. Il est dans un autre monde. On est capté par tant d'intensité, d'émotion. Il a aussi l'intelligence de ne pas écraser les autres interprètes et de les laisser vivre quand ils jouent avec lui. Le reste du casting recèle de grand comédiens, tel Tommy Lee Jones qui est excellent, David Strathairn toujours aussi bon, Tim Blake Nelson, James Spader, Sally Field, Joseph Gordon-Levitt, Gulliver McGrath, Hal Holbrook, John Hawkes, etc... John Williams nous gratifie d'une excellent b.o, bien que parfois un peu pachydermique. Pour conclure, Steven Spielberg, certes, ne surprend pas dans sa réalisation, mais il montre tout de même que le bonhomme en a toujours dans le pantalon. Il réalise un excellent film, loin d'être plombant et mou du genou, peut-être un peu court finalement (après le vote de l'amendement, la fin est un peu trop rapide), plus complexe qu'il n'y paraît. Son alliance avec Daniel Day Lewis et son équipe habituelle, fait des étincelles et nous offre l'un des plus beaux films de ce début d'année 2013 (ne déméritant pas toutes ces nominations). Ce moment d'histoire nous fait réfléchir et nous donne l'envie de plus connaître cette période. Une question pourrait résumer le film : jusqu'où doit-on aller pour accomplir ce qui est juste ?