Linda veut du poulet ! est un film d'animation franco-italien réalisé par Chiara Malta et Sébastien Laudenbach. L'histoire est simple : Paulette promet à sa fille Linda de cuisiner du poulet aux poivrons, comme le faisait son père, décédé quand Linda était bébé. Mais à cause d'une grève générale, il n'est pas facile de trouver un poulet.
L'histoire de ce film repose sur une idée atypique, un prétexte pour aborder les thématiques du deuil et des relations familiales, notamment d'une mère et sa fille, toutes les deux marquées par le décès du père. Le scénario est un hymne à la liberté et à la vie. Le résultat narratif ressemble à une comédie-vaudeville très française, avec une action qui part dans tous les sens et un comique de situation énergique. Les personnages sont parfaitement définis, leurs caractères paraissent nuancés, justes et crédibles. Les relations qu'ils entretiennent connaissent de belles évolutions. L'humour est également un point fort de la production, et il a l'avantage d'être parfaitement dosé.
L'animation minimaliste détonne dans le paysage cinématographique. L'approche esthétique est audacieuse et franchement distinctive. Visuellement, Linda veut du poulet ! ne ressemble à aucun autre film.
La musique est un élément attractif de la production, les chansons sont surprenantes, et la création de Juliette Armanet que l'on découvre au générique de fin est un enchantement.
L'intrigue n'est pas toujours crédible, notamment en raison d'un contexte de grève générale un peu exagéré, mais aussi des réactions des personnages un peu lunaires par moment. Par ailleurs, l'histoire aurait brillé si elle avait bénéficié d'une plus grande intensité émotionnelle et dramatique. Le scénario se prêtait justement à un plus large panel d'émotions. Certaines séquences, coincées entre l'humour et le drame, créent un certain malaise, là où une approche plus franche aurait peut-être été plus pertinente, d'autant plus que l'intention ne s'illustre jamais par sa poésie.
Le film est particulièrement maladroit, notamment pour ce qui est du traitement des animaux, la violence un peu banalisée, mais aussi la fonction d'agent de l'ordre tournée en ridicule, sans que cela ne soit jamais justifié ou corrigé par un enseignement dans la dernière ligne droite de l'histoire. Le film nous laisse effectivement un peu sur la réserve quant à sa réflexion.
Techniquement, le doublage accuse quelques approximations, surtout avec l'acteur Estéban qui prête sa voix à Serge, l'agent de police débutant, et qui est absolument énervant avec son intonation singée, très désagréable.
L'animation, aussi distinctive soit-elle, risque de rebuter une partie du grand public.
Linda veut du poulet ! est un film surprenant qui mérite d'être découvert, bien que certaines faiblesses limitent ses attraits. Grâce à sa franchise, son intrigue authentique et sa curieuse définition, l'œuvre s'est distinguée en 2023, en obtenant le Cristal du long-métrage au Festival international du film d'animation d'Annecy, puis le César du meilleur film d'animation en 2024 (tout de même).
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