Une simple querelle pour une affaire de gouttière qui débouche sur des mots blessants et une agression physique. Il n'en faut pas plus pour aller en justice et raviver une flamme jamais éteinte. C'est dans le Liban d'aujourd'hui, entre un réfugié palestinien et un chrétien que se déroule L'insulte, quatrième long-métrage de Ziad Doueiri, l'auteur de L'attentat et de West Beyrouth. Cet ancien assistant caméra de Tarantino est une figure très controversée dans son pays d'origine, souvent malmené par les autorités gouvernementales et qui, paradoxe, se retrouve à représenter le Liban aux Oscars dans la Short List pour le Prix du meilleur film en langue étrangère. Et L'insulte mérite amplement cet honneur, grand film aux vertus humanistes qui réussit à donner un égal temps de parole à deux parties aux vues diamétralement opposées, dans un contexte de communautarisme exacerbé. Le Liban reste un poudrière, ce que montre parfaitement le film, et n'a pas cicatrisé des horreurs de la guerre civile, loin de là. Doueiri milite pour le respect, l'écoute et la compréhension de l'autre, posture qui peut sembler angélique et qui passe par le portrait croisé des deux protagonistes du procès, deux victimes, en fait, et deux hommes en colère. Mais il illustre aussi la situation tendue dans un pays où la moindre étincelle peut déboucher sur un incendie. Le film est rythmé et passe brillamment l'épreuve du prétoire, créant un suspense qui n'est pas tant sur la façon dont l'affaire va se régler mais sur l'effort que feront ces deux personnages principaux pour sinon se rapprocher mais au moins entendre ce que l'autre a à dire. Et ce n'est pas rien, dans un Proche-Orient où la haine et la violence ne sont pas prêtes de s'apaiser.