Quand il s'adonne au récit fantastique, et macabre, Mocky ne fait pas dans la demi-mesure. Brume, cercueils, masques horrifiques (c'est la fête des morts à Litan, petite ville de montagne), aliénés, sont parmi les procédés ostentatoires qui donnent son caractère surnaturel et cafardeux à cette étrange intrigue.
Suite à un éboulement, le torrent qui traverse la cité charrie les cercueils du cimetière en même temps que l'esprit des morts. Les habitants semblent hypnotisés. Jack et Nora mènent l'enquête tandis que le cinéaste propose une conception métaphysique de la mort d'un intérêt limité.
L'intrigue en elle-même n'est pas si inquiétante qu'il y parait. Sans doute parce que les maladresses, la naïveté et le manque de rigueur narrative de Mocky l'empêchent d'être un bon conteur. En revanche, ces lacunes (qu'on ne pardonne au cinéaste que parce qu'elle en constituent pleinement le style) contribuent complètement à l'habillage formel du film et à la singularité de l'action. Au final, ce film plein de défauts, peuplé de physionomies et de personnages chers à Mocky, est un film attachant, original, incomparable.