Comme ce film ensoleillé porte bien son titre ! Revu hier soir, près de 10 ans après mon premier visionnage à sa sortie et quel plaisir incommensurablement renouvelé.
On y suit une famille de doux dingues qui s'embarque dans un road-trip échevelé (et ô combien initiatique) afin d'emmener la benjamine de la famille - si drôle et attachante Olive - à un concours de beauté tel que seuls savent en concocter les rednecks.
Le casting est éblouissant (et avait sans doute échappé à ma connaissance de cinéphile - lacunaire à l'époque) : Toni Collette, impeccable en mère aussi compréhensive que survoltée; Steve Carell, formidable en oncle gay dépressif; Paul Dano, le grand frère mutique et rebelle qui ne communique avec les siens qu'à l'écrit. Sans compter les figures du père et du grand-père, ce dernier étant un vieil obsédé à l'humour redoutable.
Cette épopée familiale, servie par une excellente mise en scène et des dialogues irrésistibles, va permettre à chaque personnage de sortir de sa zone de confort, de trouver et de prendre pleinement sa place dans le groupe en vertu de la philosophie suivante :
No one gets left behind !
Malgré les inévitables disputes, incompréhensions et frictions dus à la grande promiscuité familiale, à la connaissance que chacun possède de l'autre, les membres vont peu à peu ressouder leurs liens et comprendre qu'il est finalement possible d'être heureux et d'être soi au sein même de sa famille.
Plusieurs scènes sont marquantes à ce titre : celle où, contraints par une panne, tous se mettent à pousser le combi jaune, puis s'élancent un à un pour y entrer à toute vitesse; la scène où Paul Dano pète un câble (salutaire) : la mise en scène des enfants, rendus immenses au premier plan, avec derrière, les parents sur la colline, soudain tout petits, m'a paru d'une brillance absolue.
Il est question dans ce film de deuil, de complicité, d'acceptation de soi malgré les différences, de délire à vivre avec ceux qui nous sont chers, de fraternité et de solidarité, de soutien et évidemment : d'amour.
Little Miss sunshine, primé à Sundance, est l'un de ces petits bijoux du cinéma indépendant américain qui permet de déjouer tous les écueils de la comédie sociale en prenant le contrepied des usages du genre : en mettant en lumière une famille "normale", en prise avec les difficultés classiques de toutes mais réussissant grâce à la tendresse et à la tolérance, à les dépasser, parvient à atteindre l'universel.
Sa photographie très réaliste, ses paysages typiques de l'Amérique, cette banalité solaire des décors et des personnages, associés à une bande-originale très réussie en font une de ces oeuvres qui séduit tant par la forme que par le fond.
Mélange savoureux de comédie (le coup du klaxon est tellement drôle !) et de drame social (la crise d'ado, la mort), Little Miss Sunshine se rapproche de films comme C.R.A.Z.Y. Ils ont tous deux cette folle énergie, cette vitalité enthousiasmante, cette humanité débordante qui nous met le sourire aux lèvres et le coeur en apesanteur, partagé entre le rire et les larmes.
Un vrai chef-d'oeuvre.