Liverleaf (2018) - ミスミソウ / 114 min.
Réalisateur : Eisuke Naito - 内藤瑛亮
Acteurs principaux : Anna Yamada - 山田杏奈 ; Hiroya Shimizu - 清水尋也 ; Rinka Otani - 大谷凜香 ; Aki Morita - 森田亜紀.
Mot-clefs : Japon – Ecole – Gore.
Le pitch :
Nouvelle venue dans un lycée de province, Haruka a bien du mal à s’intégrer. Petit à petit, les choses dégénèrent et elle est de plus en plus harcelée, jusqu’à ce que ses camarades décident d’incendier sa maison. Ses parents et sa sœur y perdront la vie. Haruka décide de se venger.
Premières impressions :
L’étrange festival, depuis vingt-quatre ans LE rendez-vous parisien de tous les amateurs de cinéma de genre, du bizarre et de l’insolite ! Un évènement où se côtoient des étudiants en cinéma, des métalleux, des rôlistes, des geeks et papy René qui vient à toutes les séances parce qu’il a payé un abonnement à l’année et qu’il s’emmerde dans son Ephad rue Michel Ange. Un festival qui fait régulièrement la part belle aux cinémas asiatiques et qui est devenu un de mes rendez-vous à ne pas rater. Cette année, j’ai jeté mon dévolu sur huit films pour lesquels je vais tâcher de vous donner mes impressions et pour commencer : Liverleaf de Eisuke Naito (Puzzle, Litchi Hikari Club).
Adapté du manga éponyme de Rensuke Oshikiri, Liverleaf est un revenge gore schoolgirl movie où une jeune fille persécutée décide de trucider ses petits camarades un peu trop portés sur les jeux de soumissions et de dominations à l’encontre des souffre-douleurs d’un bahut de campagne. Humiliation, blessures puis vengeance, le film ne fait pas dans le neuf et hélas se montre bien moins vénère que ce que son pitch laissait à imaginer. Si l’hémoglobine finira par couler sur la neige pure, la narration adopte un rythme plutôt lent et prend le temps de poser les personnages. Chacun d’entre eux est croqué en quelques traits de caractères et quelques bribes de passé, pas de quoi écrire un journal intime mais c’est suffisant pour que ceux-ci soient un tout petit peu plus que des poches de sang groupe AB rhésus moins. Une ou deux tentatives de surprendre le spectateur, une jolie photographie et la récréation mollassonne est déjà finie. Sans être franchement mauvais, Liverleaf n’apporte rien de nouveau et reste faiblard dans le délire cathartique qui va trop loin ou pas assez à mon goût.
Au-delà du teen movie slasher/mini-jupe, le film cherche à traiter du mal-être ressenti chez les adolescents japonais et plus encore de la culture du harcèlement scolaire qui est tellement banalisé qu’il dispose d’un mot pour le désigner le « Ijime ». Omniprésent dans les manga entre enfermement dans les casiers et punitions physiques, cette présence jusqu’au-boutiste dénote d’une réalité quotidienne japonaise (et coréenne comme le montre très bien « The Truth Beneath »). En 2016, 320 000 cas de harcèlements avait été recensés, en hausse de 43.8% par rapport à 2015 selon le Japan Times. Des chiffres qu’il faut remettre dans un contexte où la parole est rare et qu’il est difficile de comparer avec les 700 000 jeunes français victimes (en comptant le harcèlement dit « léger ou modéré » selon le monde du 09.11.2017) tant il semble exister un monde dans le degré de violence entre les deux pays.
Pour en revenir au film lui-même, peu d’acteurs chevronné au casting, la plupart sont encore des adolescents qui au mieux ont joués dans quelques dramas, la jeune Anna Yamada en tête. Néanmoins ce manque d’expérience ne se ressent pas autant qu’on aurait pu le croire et le jeu tient plutôt la route comparé à ce qu’on peut voir dans les films de genre japonais. Par ailleurs on notera la rareté de la musique et une adaptation assez fidèle du manga d’origine, encore moins original que le film.
Pour conclure, Liverleaf est un film assez lent et beau mais dont le scénario reste beaucoup trop classique pour rester dans les mémoires. Il fera le job pour une soirée pizza distraite mais guère mieux. Un bon vieux teen movie sans grand intérêt comme de trop nombreuses adaptations de manga.