Livide par Desperate Zombie
Voici donc le nouveau représentant de la «French Horror» si appréciée Outre Atlantique. Pourtant, ce genre est au mieux ignoré, au pire, descendu par les critiques de son pays d'origine. Le précédent film de Bustillo et Maury a en tout cas eu droit à ce traitement. Même si je n'ai pas écrit à propos d'À L'intérieur ici, ce film m'a profondément marqué. Il m'a d'ailleurs tellement marqué, tellement retourné, que je n'ai tout simplement pas réussi à écrire dessus. Avec Livide, ça risque d'être possible.
Le dernier film du duo, a malheureusement rencontré des soucis avant même de sortir. À l'époque où le film se mettait en place, il était assez difficile de suivre son avancée. Il devait, si je ne me trompe, être tourné en anglais et en Irlande. Finalement, tout le film a été rapatrié en France.
Les paysages d'Irlande auraient collé à merveille au film. Mais ils ont su très bien se débrouiller avec la Bretagne.
Comme pas mal de films du genre, celui-ci est coupé en deux parties. La première se révèle être, forcément, la moins intéressante. C'est le passage inévitable de la mise en place. Elle aurait pu être vite ennuyeuse si certains éléments étranges, malsains, n'étaient pas égrainés pour nous préparer à la seconde partie.
Celle-ci débute quand le trio de jeunes entre dans la maison. En repensant à À L'intérieur, on s'attend à une violence froide, implacable. On n'est pas déçu même si c'est bien moins présent. Toutefois, le tout est embalé dans une ambiance bien particulière. Lors de quelques plans, on pense inévitablement à Dario Argento (Suspiria bien sûr).
Pendant une bonne partie du film, on a le sentiment d'être en terrain connu. On regarde donc Livide plutôt confortablement en devinant à l'avance ce qu'il va se passer, c'est en tout cas ce qu'on croit. Le duo s'amuse clairement de ça. C'est plutôt réussi tant le film déraille à un moment. On passe alors du film d'horreur sans surprises à de la poésie macabre sur pellicule.
On peut y rester réfractaire et rejeter totalement le film, où se laisser emporter. Je fais partie du second camp.
Beaucoup qualifieront Livide de brouillon, d'esthétisant. Pourtant, ces « faiblesses » peuvent aussi être vues comme une force.
Bustillo et Maury réussissent à glisser du beau, au milieu de l'horrible.
Les décors, les maquillages, les effets gores, et la BO sont juste magnifiques. Pour ce qui est de l'interprétation, on retiendra Chloé Coulloud et Marie Claude Pietra Galla, rien de plus.
Une oeuvre imparfaite, mais franchement attachante.