Pardonnez ma blague graveleuse mais c'est vraiment le premier sentiment que j'ai au sortir du film.
Aveu d'incompétence de la part de Kim Ki-Duk, réalisateur du pas complètement raté Printemps, été, automne, hiver et printemps, malgré la dangereuse tendance de ce dernier à s'enfermer dans une esthétique carte postale pour occidentaux en mal d'ésotérisme, et à fabuler avec la subtilité d'un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Je m'attendais à ce que son Locataires, plus réputé et plus apprécié en moyenne, soit un cran au-dessus. Mais il n'en est rien.
La première chose qui frappe quand on regarde Locataires, c'est à quel point les intentions de Ki-Duk sont lisibles et surtout à quel point elles sont en décalage avec ce qu'on voit à l'écran. Le cinéaste coréen veut faire un film pudique, posé, subtil. Raté : sa mise en scène est démonstrative et didactique au possible, la faute à un montage atroce qui fait la part belle aux coupes intempestives. En résulte une grande majorité de plans inutiles et répétitifs (et vas-y que je te filme le club de golf, et la balle au sol, et le club qui va frapper la balle ...).
Cette mise en scène (qui par ailleurs, ne prend pas un seul risque esthétique, permettant de taxer le film d'académique) fait totalement obstacle à ce que Kim Ki-Duk puisse capter quoi que ce soit de beau et de vrai. Il aurait fallu pour cela une pudeur et une sobriété qui font ici cruellement défauts. Au moins, l'ensemble n'est-il pas visuellement tape à l'oeil comme peuvent l'être certaines productions coréennes (Old Boy encore et toujours).
Mais pire encore, la réalisation appuie le côté artificiel de la perspective Ki-dukienne de ne pas faire parler ses personnages principaux, réduite ici à un pur dispositif de mise en scène (alors qu'elle n'en est jamais un dans les films de Van Sant par exemple, pour ne citer que lui). Ou quand la forme contredit le fond ...
Aussi, les personnages n'en sont réduits qu'à de vulgaires marionnettes, même pas iconiques (puisqu'elles ne représentent rien), auxquels il paraît bien difficile de s'attacher.
Et le plus désolant dans tout ça, c'est que plus le film avance, plus il se boursoufle, affichant des tares qu'on n'aurait pas soupçonné jusqu'alors : manichéisme, esotérisme à deux ronds (façon Printemps...), prêchi-prêcha balourd, paresse (et bêtise) scénaristique ...
Et je ne parlerai pas du final, qui tombe dans une pseudo-poésie totalement grotesque et ridicule ...
Comme si le film avait besoin de ça. Bref, une sombre merde à mes yeux, mes excuses aux fans.