Locataires est un film majoritairement mutique sur un homme qui erre en entrant par effraction dans des maisons. Il ne vole rien, ne dégrade rien, il se contente de vivre un bout de journée dedans et de s'imprégner des lieux et de leur histoire. L'absence de musique et de dialogue et le montage assez doux en font un film apaisant, mais il faut aimer ce genre d'intention cinématographique. Ce n'est pas mon cas. J'ai eu l'impression d'être face à un exercice de style plus intéressant pour le réalisateur qui veut filmer des intérieurs que pour moi qui veut être emporté. Le héros mène sa vie et le personnage féminin traîne son regard désespéré insondable. Moi je cherche vainement l'intérêt au long terme de la chose. Je pensais mettre 5, voire 4.
Mais vient la nécessaire rupture de ce genre d'oeuvre, et soudain j'ai fini par trouver cette étincelle qui me scotcherait. Cela n'a eu lieu que dans les 20 dernières minutes, mais là j'ai fini par accrocher. Car on avait changé d'exercice pour passer à une relecture des films de fantômes et que ça, ça me parlait. C'était très naturel et bien présenté. On se trouvait avec une scène poignante qui a justifié à elle seule mon visionnage. Ça avait beau être tardif, ce regain d'intérêt a réussi à contrebalancer l'ennui que je subissais pendant le reste du métrage, ce qui est un cas exceptionnel chez moi. Cela fait de Locataires une oeuvre compliquée à évaluer par sa démarche que j'ai peiné à comprendre, mais qui a pourtant su me toucher là où je ne l'attendais plus.