J'expliquais il y a peu, à un charmant ami et collègue au crâne chevauché de dreads que non, le film d'action n'est pas décérébré, il n'a pas produit des générations d'idiots. Au contraire, le film d'action est un film d'amour, nécessitant une certaine maîtrise, que se soit dans le second degré avec nos charmants métrages des années 80 (Schwarzy roi !) ou les grands ténors du genre (du style Piège de Cristal), on a quand même des films plutôt bons, qui connaissent leur buisness et nous le vendent avec beaucoup de chaleur. Et moi, perso, j'suis client. Ca, c'était avvant de voir Lock Out et de pleurer des larmes de sang.

Fort d'une bande-annonce bien mauvais cul où Guy Pearce tentait de se faire passer pour un McLane du futur, je lance le film. Au moins, la scène d'intro, j'en ai pour mon argent : une petite séquence d'interrogation où l'on discourt beaucoup sur la mère d'autrui, comme le font les vrais bonhommes. Mais là, alors que je sens déjà que le film pourrait me plaire arrive l'horreur : le film est produit (et scénarisé, me semble-t-il) par Luc Besson. Crap. Luc putain de Besson, donc, saboteur de métrages depuis tellement d'années. Ok, soudain, tout intérêt se rompt et je commence à bouquiner à côté, pour passer le temps, parce que je veux quand même savoir jusqu'où on va descendre dans l'horreur.
Donc, le héros, Snow (si si), agent secret tombé dans le piège le plus ripou de l'histoire du piège (la vérité, révélée à la toute fin du film, devrait vous arracher des rires – si vous êtes allé si loin dans le métrage) est envoyé sur une station-prison pour y récupérer la fille du président ainsi que les preuves de son innocence. Déjà, Guy Pearce, non, tu n'es pas Bruce Willis. Tu n'es pas McLane, ses migraines, son alcoolisme et ses problèmes conjugaux. C'est marrant de faire semblant, mais à part quelques scènes amusantes (la première rencontre avec Maggie Grace m'a arraché des sourires, je le confesse), Pearce parvient simplement à faire de son personnage un énorme casse-couille sévèrement burné à la noisette en béton armé. Et c'est d'un lourdingue incroyable. Mais ça, ce n'est que le cadet de nos soucis.
Le gros problème c'est que... hum. Pour reprendre l'exemple de Piège de Cristal, l'intérêt du film reposait quand même sur un pari intéressant : un lieu cloisonné, vaste mais réduit en même temps, exploitant à la fois la verticalité et les zones de bureaux bien proprettes, sujettes idéales pour des séquences de gunfight. Mais l'important – et là où Die Hard 1 réussissait bien son contrat – c'était de parvenir à restituer une spatialité, indispensable pour que le spectateur se projette bien dans les enjeux du film (pieds nus, de préférence). Lock Out, lui, il aime pas ça. Il parvient à rendre son vaisseau encore plus en carton que le sympathique Pandorum ne l'avait fait. On a l'impression que l'immense vaisseau fait 20m², monté avec trois couloirs différents filmés sous tous les angles : ça fait tellement fauché que ça en devient risible. Et pour éviter qu'on ne s'intéresse de trop près à cet effet pervers de la construction spatiale du film, le vaisseau paraît se construire en même temps que le scénario (si on peut appeler ça ainsi) progresse. Ho, on doit aller là ? T'inquiète, je passe deux portes, j'y suis. Cool, c'est vraiment simple, quand même, de se déplacer sur un vaisseau-prison !
D'ailleurs, qui dit scénario (je sais, c'est vite dit), pense forcément à péripétie. Bon, soyons franc, elles sont tellement tirées par les cheveux qu'il est difficile de saisir la portée de ce qu'il se passe. Entre un méchant bisounours et un montage dénué de la moindre volonté de vous faire frémir, on repassera. La scène du ventilateur gravitique en est un superbe exemple : c'est simple, c'est si mou que pas un instant j'ai eu la moindre frayeur pour le héros – qui parvient à se sortir de ce mauvais pas sans même suer. Lol. Quelques scènes plus loins, il se fait courser par des prisonniers à quoi, cinq mètres de distance : lui parvient à en tuer une dizaine en shootant par-dessus son épaule avec un fusil à pompe, eux sont incapables de l'avoir. Bon, tant pis. S'ensuit l'horrible annonce (attention spoiler!) : la station-prison, mon dieu, elle va tomber sur Terre ! Elle était tranquillement en orbite mais là, elle en est sortie depuis que les prisonniers ont lancé leurs émeutes. Ce serait trop dommage de gérer ça automatiquement, hein, c'est vrai que pour la sécurité de tous, mieux vaut que se soit fait manuellement par les mecs à bord...

Bref, un film mauvais, indubitablement, qui ne fait pas un seul effort pour être ne serait-ce que l'ombre d'un film acceptable, enchaîne mollement les actions sans enjeux, les répliques sans force. Allez, je vous donne la réponse, je suis sympa : son prénom, c'est Marion, en fait. Voilà, vous pourrez vous passer de ce visionnage plus que dispensable !
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le 13 déc. 2012

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