This is the end

Véritable road-movie crépusculaire, Logan ère dans un monde où il n'a plus sa place. Et il le sait. Tous les mutants de son époque dorée ne sont plus et les rares survivants apparaissent comme des parias, malades et reclus. Logan lui-même n'a plus son rayonnement d'antan et ses pouvoirs se tarissent. Même le titre du film, sobre, présente son état civil et non le nom de son alter ego.

Le postulat de base instaure déjà une ambiance peu singulière dans un film de super-héros. Ici, ce n'est pas tant l'action spectaculaire et les super-pouvoirs qui vont permettre au film de se distinguer mais plutôt son écriture. Car, oui, Logan est un film qui sert à passer le flambeau, entre une vieille génération qui arrive sur sa fin et une nouvelle, totalement apeurée, exploitée, qui a besoin d'être guidée. Ce sera alors l'ultime mission de ces vieux héros.

Je précise tout de même que le film n'est pas dépourvu d'action. Certes elle n'est pas grandiose ni même épique, mais elle demeure bien chorégraphiée et surtout très violente. Enfin un film Wolverine montre des membres qui volent et du sang qui fuse.

Dans ce film, les pouvoirs de Logan font pâle figure étant donné que ça revient à dire qu'il se bat à l'arme blanche avec une capacité d'encaisser démesurée. Encore que cette dernière faculté décline tout au long du film, lui laissant des blessures de plus en plus grave que son facteur de guérison ne peut soigner. Néanmoins, cette question de super-pouvoirs revient tout de même vers la fin du film, et ce par le biais des enfants. Mais ils l'exploitent encore trop maladroitement et sont mis à mal par leurs opposants. Il leur faut un Logan fédérateur, totalement berserker, pour les sortir de ce mauvais pas. Il agit finalement, malgré lui, comme une figure paternelle pour toute cette jeune génération.

La performance de Hugh Jackman est aussi à souligner. Il apporte une justesse à un Logan désabusé, à la fin de son histoire. Patrick Stewart est aussi touchant, quand on sait qui est le Professeur X, son importance et sa puissance initiale, ça fend le cœur de le voir ainsi. Totalement dépendant comme un simple vieux monsieur en fin de vie. La novice X-23, jouée par Dafne Keen, est aussi convaincante, pleine de hargne et butée, comme le fut un jour Wolverine.

Film estampillé Marvel, le ton n'est pourtant pas vraiment léger. Le film demeure mature et aborde des sujets graves en osant le montrer (les expériences sordides sur les enfants mutants). Ce n'est pas non plus un film qui prendra des pincettes concernant le sort des personnages. Et c'est une bonne chose. Le film fait des choix et les assume. Je me souviens qu'à la fin du film, j'avais eu cette impression d'avoir assisté à la conclusion tragique et pourtant pleine d'espoir d'une saga de plusieurs années et plusieurs films, ça m'avait fait quelque chose.

Esthétiquement, c'est plutôt joli et les décors sont assez variés. Encore heureux pour un road-movie me direz-vous. La bande son est également efficace, portée par un titre de Johnny Cash pleinement raccord avec le film.

Le bilan que j'en tire, c'est que si la trilogie Wolverine était passablement très moyenne jusqu'ici, ce dernier opus est très bon et se suffit à lui-même. Un incontournable du genre.