Le château ambulant est sans conteste mon Ghibli-Miyazaki préféré. J'ai été transporté tout du long pendant mes différents visionnages et, à chaque fois, ça a fait mouche.
L'univers fantastique dépeint ici prend part dans un territoire visiblement inspirée de l'Europe, de par son architecture, mais il est aussi fortement emprunt d'une imagerie steampunk. Il n'y a qu'à voir le château ambulant. En somme, on ressentirait presque une inspiration de Jules Verne.
Nous suivons ici Sophie, une jeune fille lancée malgré elle dans une quête visant à lever le maléfice dont elle est victime, le tout sur une toile de fond présentant une guerre entre deux nations.
Au final, nous avons presque un film dans un film et très vite, les enjeux se relient. Sophie qui partait retrouver la sorcière qui lui a lancé le sort rencontre Hauru, un autre sorcier qui participe lui-même à la guerre et, fatalement, Sophie se retrouve à devoir vivre ce conflit.
Il est intéressant de soulever que la quête de Sophie présente un sens de lecture plus profond dont la malédiction n'est qu'un prétexte. En effet, elle cherche à redevenir qui elle était mais le paradoxe qui se pose est qu'elle reste elle-même malgré le maléfice. Ce n'est que physiquement qu'elle va être altérée en devant cette Oba san. De fait, en levant la malédiction et en redevant la jeune Sophie, elle sera tout de même changée par cette aventure qui l'aura forgée et ne reviendra pas à son état de départ. Les cheveux gris qu'elle arbore à la fin sont d'ailleurs un stigmate et un symbole de son parcours initiatique. Il faut aussi préciser que cette évolution a lieu grâce à sa relation avec Hauru et sa magie, ce qui aura pour but de faire grandir Sophie elle qui provient d'un milieu tout ce qu'il y a de plus normal.
Et, justement, il en va de même pour le personnage d'Hauru dont la rencontre avec Sophie l'aidera à devenir meilleur lui qui, à l'inverse de Sophie, apparaît au début sous les traits d'un beau jeune homme plein d'assurance faisant tourner toutes les têtes alors qu'il n'est pas foncièrement une bonne personne. D'ailleurs, son changement de couleur de cheveux est aussi sans équivoque concernant son évolution qui surviendra au contact de Sophie.
Il en est de même pour Navet qui est présenté sous les traits d'un épouvantail, loin d'être l'incarnation de la beauté. Et pourtant, il agit de façon altruiste en permanence, aidant Sophie tout le long de son aventure. On apprend finalement que Navet n'est autre que le Prince Justin, un homme beau et bon incarnant quelque peu la figure du prince façon Disney.
Cette notion que l'on peut qualifier de beauté intérieure est d'ailleurs mise en exergue par le château lui-même qui ne semble être que des bouts de choses diverses assemblées çà et là et dont la cadence semble hachée quand il se meut. Pourtant, grâce à la magie d'Hauru, son intérieur peut sembler doux et chaleureux. Sophie y trouvera d'ailleurs un foyer dont elle prendra soin avec en son cœur Calcifer avec qui elle nouera une réelle complicité.
A noter que les personnages sont tous prenants, de la candide mais forte Sophie, à l'insaisissable Hauru ou encore de l'extravagante sorcière des Landes au malicieux Calcifer. Chacun participe à rendre ce film unique et les interactions entre ces différents personnages sont une réussite.
Ce qui ressort de ce film, à l'instar de nombreux autres films du studio, c'est de la poésie entremêlée à de la magie. On suit un personnage féminin fort qui, malgré la malédiction parvient à rester soi-même, sans céder à la fatalité du monde qui l'entoure, qu'elle soit jeune fille ou grand-mère. Un personnage qui vit une aventure qui a pour but de la construire, où le château, à l'instar d'une chrysalide, lui permettra de se transformer naturellement pour ressortir grandie, comme une adulte accomplie, forte et altruiste.