Comme tu peux le comprendre à ma note, j'ai sur-kiffé ce film. Il m'a mis une claque esthétique en pleine gueule. M'a frappé de beauté dans le ventre. Mon premier réflexe a été de faire une critique très courte: "le plus beau film d'amour que j'ai jamais vu". Et quand j'ai voulu partager ma passion avec toi, j'ai vu que personne n'avait ressentit mon exaltation, aucun élan euphorique bien que quelques bonnes critiques apparaissent. Il faut donc que je rende justice à ce film dès maintenant !
Contre-indication : Il apparait que tu as été déçu pour plusieurs raisons. 1) Tu es fan de Thomas Vitenberg et t'attendais à un nouveau Festen : il faut bien l'avoué ce film n'a aucun lien de parenté avec cet opus, de plus, clairement les producteurs ont du imposer de nombreuses choses au réalisateur. 2) Tu connais le livre de Thomas Hardy et il te fallait donc une bonne adaptation. Pourtant tu sais très bien, que tu n'auras jamais l'adaptation de tes rêves...
Du coup moi je n'avais pas fait gaffe à qui était le réalisateur, je ne connaissais pas Thomas Hardy, je n'avais pas lu le synopsis, pas vu la bande annonce, pas lu de critiques. Je n'avais donc aucune attente, ce qui m'a permis de découvrir le film aussi librement qu'une première fois. Si ces conditions sont réunies, arrête de lire ça. Va voir le film et revient.
Passons maintenant à ce qui a retourné mon petit coeur.
L'effet paysage. Dans la première scène d'Orgueil et Préjugés de Joe Wright, on voit Elisabeth Bennet se baladant dans la campagne anglaise, livre à la main, robe triviale, baignée dans une lumière matinale intense et feutrée. Cet effet ici dure tout le film ! Le pied quoi. Du Jean-françois Millet animé qui, parfois, cède la place à la moiteur de la forêt. Un parfum de vacances pendant deux heures !
L'atmosphère musicale. Une chanson revient en thème, en instrumental, en chant, en fond, en danse. Ca revient, ca s'installe en nous, ca nous porte et nous charme. Un brin d'Irlande, un brin de bucolique, un brin de fragilité et la musique accompagne le film savamment.
Les rôles. Ce qui met tout le monde d'accord, c'est la justesse des acteurs. Bien que je ne sois pas une grande fan de Carey Mulligan, il faut bien reconnaître que je comprend enfin pourquoi on la voit jouer partout ! Bathsheba Everdene est superbe, douce et forte et j'ai trop envie de devenir sa copine (en faisant 2-3 recherches sur l'actrice à l'instant je viens de découvrir qu'elle tenait un rôle dans Orgeuil et Préjugés de 2005, je m'en étais pas rendu compte!)! Puis le berger, timide et solide, que dire de Matthias Schoenaerts, trop de charisme, trop de justesse, trop exact dans ce personnage. Il est tellement, tellement convainquant et en même temps il irradie d'érotisme contenu, un régale ! Tom Sturridge et Michael Sheen - ce qui n'est carrément pas une critique - sont très légèrement en dessous mais sont encore très bons ! Chacun des personnages se découvrent assez pour qu'on perse l'histoire - que 2h de film ne peuvent présenter. On sent la souffrance terrible, le désarroi, le manque d'estime, la peur, le courage, la passion, l'envie de comprendre, l'amour, l'intelligence. Bref on comprend la vie !
L'histoire. Belle, belle histoire. Certes l'amour. Une histoire qui ne raconte pas comment se marier, qui nous fait comprendre l'enfermement des femmes dans cette convention violente. On comprend le désire de liberté de Bathsheba, sa force. On la sent ressentir. Bien que le film soit sur une/trois histoires d'amour, cette femme n'est pas que ca. Elle s'épanouit, se cherche, fait tourner une ferme. Ce qui doit pas lui laisser le temps de penser à son petit coeur ou à ce qu'elle "doit" faire. Mais elle se laisse séduire, elle ressent, jouit, affronte... elle vit !
Il y a une telle aura autour de ses quatre personnages, un tel message d'espoir et de liberté pour les femmes. Oui la vie est transcendante, profites en donc ! A bas le romantisme !
J'ai juste envie de dire aux producteurs américains de comédies romantiques : "arrêtez, vous faites du mal à l'humanité".
J'ai tellement été ému en regardant ce film que je le ressens encore. Ce fût un intense plaisir physique. Des papillons dans le ventre, le thorax serré. Une véritable émotion esthétique. J'en ai tellement pleurer. Oui j'en ai chialé de beauté et de justesse.
Tellement bon.