Lorsqu'on lance un film intitulé "Lolo", avec notamment Dany Boon en tête d'affiche, on ne s'attend évidemment pas à voir un chef d'œuvre. Dans cette optique, voici une comédie française grand public qui remplit son rôle sans décevoir particulièrement, malgré un certain nombre de défauts agaçants.
Je ne connais pas très bien le travail de Julie Delpy en tant que réalisatrice ("Two days in Paris"), mais au regard de sa réputation vaguement élitiste, j'étais étonné de la voir investir le terrain de la comédie franchouillarde. De ce point de vue, Delpy n'en sort pas grandie, car "Lolo" n'est pas foncièrement supérieur à la masse des comédies populaires qui envahissent les écrans à longueur d'année.
Le sixième long-métrage derrière la caméra de la comédienne franco-américaine reste en effet dans les standards du genre, cumulant ainsi les clichés (même si c'est en partie volontaire), multipliant les dialogues vulgaires ou obscènes, et recourant aux facilités scénaristiques les plus éculées.
La mise en scène non plus ne fait guère de vagues, se limitant à un générique arty assez laid, à une bande originale agréable et à quelques références "haut de gamme" en guise de plus-value : celle de l'affiche à "Lolita" de Kubrick, celle à "La jetée" pendant le film entre autres.
En revanche, la réussite de Julie Delpy tient à ses choix de casting et à sa direction d'acteurs : en effet, s'ils sont loin de faire partie de mes comédiens favoris, Dany Boon et Vincent Lacoste sont plutôt bons, et leurs affrontements révèlent une certaine alchimie. La candeur de Boon fait merveille dans le rôle du gentil beauf de province débarqué dans la capitale, tandis que Lacoste excelle dans les deux facettes de son personnage, tour à tour fils à maman branché et pervers narcissique : cette grande chiffe molle a certes la gueule de l'emploi, mais en plus son expressivité fait merveille, surtout dans le côté diabolique.
Du côté du casting féminin, les personnages sont assez insignifiants mais les comédiennes ne déméritent pas : Karin Viard semble prendre plaisir à débiter des obscénités, alors que Julie Delpy en bobo déphasée parvient à être rigolote, notamment quand elle se met en colère.
Dommage, les personnages et les situations mises en scène disent indéniablement quelque chose de notre société (ce qui explique en partie le succès du film), malheureusement la réalisatrice ne creuse jamais son sujet et reste à la surface de la comédie grand public, pour accoucher au final d'un film très moyen, mais pas honteux.