Après la trilogie Pirates des caraïbes, l’équipe reprend du service pour Lone Ranger. Gore Verbinski à la réalisation (Le Cercle, Rango), Jerry Bruheimer à la production (Indépendance Day, Pearl Harbor) et Johnny Depp en indien taré. Malgré un très mauvais accueil aux Etats-Unis, le film va au-delà de ce qu’il avait promis. L’histoire est simple : un procureur, John Reid (Armie Hammer) veut venger la mort de son frère en livrant à la justice le machiavélique Butch Cavendish (William Fichtner). Il sera épaulé par Tonto, (Johnny Depp), voulant lui aussi punir le bandit.
Le film s’ouvre sur une fête foraine à Los Angeles où nous suivons un enfant visitant une attraction sur la conquête de l’Ouest. Il rencontre ainsi le vieux Tonto qui lui raconte l’histoire héroïque du Lone Ranger.
Malgré l’échec cuisant et la nullité de Cowboy & envahisseurs, Hollywood essaie encore une fois de réhabiliter le western, un genre en voie de disparition. Mais cette fois-ci avec la figure du super-héros. John Reid, censé être mort, accomplit sa vengeance, masqué sur les conseils de son acolyte Tonto. L’indien incarne donc le fidèle serviteur, figure omniprésente dans le genre (Alfred pour Batman, Bernardo pour Zorro…). Partant d’un mélange entre deux genres simplistes au niveau narratif, le scénario n’est évidemment pas très inventif et basé entièrement sur la quête vengeresse du héros. Sont ajoutés ensuite tous les clichés types des deux genres : un masque, un acolyte, un moyen de locomotion hors du commun… pour le film de super-héros ; Indiens, chemins de fer, prostitués, bandit, cavalerie, banques… pour le western. Verbinski s’inspire d’ailleurs des grandes figures comme John Ford : Monument Valley, et citation de l’attaque de la ferme de La Prisonnière du désert ; mais aussi de Sergio Leone auquel il reprend la scène de l’arrivée du train dans Il était une fois dans l’ouest.
Il réutilise donc tous les stéréotypes fantasmés des genres, logés directement dans l’inconscient collectif. Il en profite pour en détruire certains qui ne sont plus d’actualité aujourd’hui, notamment la figure de l’indien. Tonto correspond parfaitement bien à l’indien cliché de l’âge d’or du western en ne parlant que par petites phrases, métaphores et avec un accent, il est représenté comme un sauvage avec de la terre sur son visage et en appliquant des rites grotesques ; cependant cette figure stéréotypé est tournée en ridicule par l’apparition de ses paires correspondant à une vision de l’indien plus « civilisé ».
Verbinski joue donc habilement avec les figures et les thèmes du western, desquelles il ne découle pas un film grotesque, ni « réaliste », mais un western idéalisé, modernisé notamment par les effets spéciaux spectaculaires et l’humour. Ce ne pourrait être qu’un western banal si tout n’était pas pris au second degré. Nous ne nous posons même plus la question du réel. La scène d’action finale, totalement fantasmée fait penser à une montagne russe. Le rythme soutenu est renforcé par la musique (William Tell Overture, de Rossini) qui nous fait penser immédiatement aux cartoons, malgré le fait que ce soit la musique de la série originale.
Gore a donc réussi son pari de créer un western « post-moderne ». La priorité de ce film est de nous divertir et de nous faire rêver. Ce film n’est finalement qu’un fantasme de western, une accumulation de cliché et de codes auxquels on ajoute des scènes d’actions spectaculaires et l’humour second degré très chère à Verbinski. Celui-ci tente de renouveler des genres en berne : les films d’aventures du classicisme hollywoodien : westerns, films de pirates… Il le fait avec un regard d’enfant, peut-être issu de ses souvenirs des grands films d’époques. Et si c’était lui, l’enfant au début du film qui porte un immense intérêt pour les histoires de Tonto ; il est d’ailleurs étrange qu’un indien soit présent dans une telle attraction et qu’il disparaisse d’un coup. Finalement, ce film ne pourrait être qu’un rêve d’enfant.
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