Il y a des films qui ont de vrais défauts, et ce n’est pas faute d’en avoir débattu sur CloneWeb pour démontrer que, oui, il y a bien un problème de temporalité dans Dark Knight Rises ou que certains éléments de Man of Steel sont d’une débilité abyssale. On a beau faire, on sort alors du film et on commence à regarder sa montre, les gens autour de soi ou on tente de s’immerger dans les scènes d’action sans prendre en compte les défauts rencontrés.
Il y a d’autres films où tout le monde fait son boulot correctement et à coté duquel on passe. C’est le cas ici de Lone Ranger.

Il faut dire qu’en ayant vu peu de bandes annonces, je m’attendais à quelque chose de différent. Il faut dire qu’à la base, The Lone Ranger est un héros « pulp », sorte de version western de Zorro. Créé en 1933 par Fran Striker, le personnage a commencé ses aventures à la radio. 2956 (!) épisodes seront enregistré jusqu’en 1954. En parallèle, le héros prolongera ses aventures sur le petit écran, et la série aura même droit à un spin off appelé … Le Frelon Vert (Brett Reid, le Green Hornet, est en réalité le petit neveu du Lone Ranger).
John Reid est donc à la base un ancien ranger, laissé pour mort après une embuscade. Il sera sauvé par l’indien Tonto et, après avoir retrouvé les coupables de l’attaque, parcourera l’ouest américain pour défendre la veuve et l’orphelin, monté sur son cheval blanc.
Qui dit héros pulp dit donc classe, panache et effets de style. Le Lone Ranger, c’est un homme qui cache son identité, que tout le monde admire, qui bondit partout, se bat avec style et fait cabrer son cheval. Un héros, un vrai.

Le film de Gore Verbinsky reprend les éléments pré-cités et l’origine du personnage est la même. Le scénario est un peu plus dense, une fille est ajoutée à l’intrigue mais l’ensemble y est à peu prêt. Butch Cavendish tend un piège à un groupe de rangers menés par le frère de John Reid et tout le monde y passe, sauf le héros de l’histoire sauvé par l’indien Tonto qu’il avait préalablement croisé. Il va donc se mettre en quête de l’assassin qui est lui-même mêlé à une histoire impliquant la construction du chemin de fer américain.
Tout cela, c’est très bien mais Verbinsky oublie cet aspect héros pulp et va même plus loin en cherchant à le démystifier. Chaque fois que le Ranger croisera quelqu’un, celui-ci se moquera du port du masque et il se fera engueuler quand il voudra faire cabrer son cheval. Les marques d’élégance de l’héroïsme deviennent un running gag, à une époque où il semble manifestement ridicule de vouloir se cacher derrière une identité (voir Iron Man et Man of Steel). Quelque part, c’est bien dommage. Rappelez vous la scène d’introduction du Masque de Zorro ou la série produite par Disney avec Guy Williams et vous aussi vous regretterez sans doute cette époque où les héros avaient de la gueule.
La sensation est d’autant plus étrange que le film démarre sur un petit garçon en costume de Lone Ranger venu écouter une histoire. Cette mise en abyme est intéressante mais finalement assez peu en lien avec le reste du film. En effet, difficile pour le spectateur d’avoir envie de mettre un masque et un foulard rouge suite à la démystification du héros qu’il vient de découvrir

Lone Ranger passe à coté de cet aspect et n’est plus qu’un blockbuster d’action à la sauce Pirates des Caraïbes. La galerie de personnage est en effet la même et la tonalité recherchée, jamais vraiment sérieuse, y fait penser. Mais Gore Verbinsky s’est amélioré et filme encore mieux ses scènes. La photo et les décors naturels utilisés donnent de vraies belles images et tous les acteurs font un bon boulot. Johnny Depp a un rôle plus discret que celui de Jack Sparrow, différent mais tout aussi efficace. On craignait qu’il ne vole la vedette à un Arnie Hammer plutôt monobloc mais il n’en est rien. L’acteur vu dans The Social Network montre qu’il sait jouer la comédie. On retiendra aussi une scène finale impliquant deux trains, sans aucun réalisme, mais parfaitement maitrisée d’un point de vue de l’espace qui envoie du bois et offre un vrai grand spectacle à un spectateur qui se sentira jamais perdu, le tout sur l’Ouverture de Guillaume Tell, thème original de la série radiophonique.

Le film n’est donc pas celui qu’on attend. Il n’est pas celui qui permet à un petit garçon de se prendre pour le Lone Ranger car il transforme ce qui aurait pu être un véritable film de super héros au far west en un blockbuster d’action totalement maitrisé sur la forme mais dépourvu de panache et de classe. Ca fonctionne donc, mais pas autant qu’on l’aurait voulu.
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le 3 juil. 2013

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