Comment s'est-elle retournée sur le cheval ? Oo
Lone Ranger, un film avec Johnny Depp et Helena Bonham Carter. Un Disney en plus. Un film dont les bandes-annonces ont tourné plus d'une fois et qu'il était impossible de manquer si l'on allait au cinéma au moins une fois par semaine ces derniers mois. Lone Ranger, un film qui me faisait peur parce que je pensais ne pas supporter le "Johnny Sparrow Depp" des Pirates des Caraïbes ou des Burton, parce que je pensais encore une fois la toujours identique madame Burton, parce que je craignais la mièvrerie des vieux Disney de mon enfance… Et en fait, non.
Lone Ranger est en fait un film qui part sur les bases classiques des westerns : la vengeance est un plat qui se mange sur pellicule. On y retrouve aussi les éléments habituels du genre : Utah, trains, femmes et enfants, moches bandits et beaux héros, indiens, banques, saloons, braquages, chevaux… Bref tout y est, même la cavalerie qui est à l'heure. Ce n'est cependant pas un western classique car une fois les bases posées pour l'univers, l'histoire se met en place. Et notre héros au cœur pur va devoir apprendre la dure vérité du far-west au galop. Sans véritable temps mort, le spectateur sera conduit jusqu'à un final endiablé sur les voies de chemin de fer.
Si ce n'était que ça, Lone Ranger serait un film tout au plus sympathique mais pas forcément super. Après tout, on y sent assez régulièrement une touche pirate. La faute en revenant probablement tout autant à l'un des deux scénaristes et à l'indien Depp qui ont tout les deux travaillé aux Caraïbes. Ce film est en fait plus intelligent qu'il n'y paraît. D'abord parce qu'il ne fait pas reposer tous ses ressorts comiques sur ce "vieux" Johnny mais plutôt sur des éléments non "principaux" (en particulier sur ce cheval blanc, très très louche) plutôt bien trouvés. Et surtout plus intelligent car il ne dépeint pas un far-west de western classique. La vision qu'il en donne a quelque chose de moderne, de réfléchi sur la conquête de l'ouest par le chemin de fer… Un petit regard critique sur la marche forcée du progrès peut être fréquent au cinéma en ce moment mais pas vilain dans un Disney où la carapace extérieure repose avant tout sur le comique et la noblesse du héros. Noble, il l'est et le restera. Mais l'univers qui l'entoure transpire quand même d'une certaine finesse, d'une certaine justesse. Mention toute particulière à la scène qui se déroule sous le générique à ce sujet.
Pour apprécier ce film, acceptez donc assez rapidement son côté loufoque en apparence malgré son univers de western classique et sachez savourer son intelligence qu'il distille par-ci par là. D'autres bonnes nouvelles en plus de cela : Zimmer ne fait pas trop de Zimmer à la bande son (en dehors de la scène d'action finale, il reste très discret et se permet quelques notes très Morricone) et les indiens sont montrés sous un jour assez appréciable.
Au final, me voilà donc avec une très bonne surprise avec un film qui me paraît assez bien gérer à la fois son héritage lourd et pesant (tant de western que de Disney estival rigolo tout public) et son côté "innovant". Avec une petite mention spéciale pour la façon dont l'histoire est narrée au spectateur qui réussi à ne gâcher ni la magie du propos, ni son intelligence.