Dès les premières minutes de Longlegs, on sait que l’on n’est pas là pour rigoler. Ce film, sorti tout droit de l’esprit torturé d’Oz Perkins, le fils de Norman Bates lui-même (Anthony Perkins), nous embarque dans un cauchemar occulte où l’on peine à distinguer le début de la fin. Et ce malaise, cette sensation que quelque chose ne tourne vraiment pas rond, est en grande partie ce qui sauve le film d’une catastrophe potentielle. L’ambiance poisseuse, les plans serrés, et cette atmosphère oppressante donnent le ton, nous tenant en haleine malgré un scénario parfois flou.
Nicolas Cage, dans un rôle taillé sur mesure, incarne Longlegs, un tueur en série sataniste aussi glaçant que dérangeant. Il est flippant au possible, rappelant par moments un Charles Manson réincarné, version mi-vieille dame chelou mi Marylin Manson (et on ne s'en remet pas). Il faut admettre que Cage se régale à semer l’effroi, et c’est probablement là la meilleure performance du film. Face à lui, Maika Monroe (déjà vue dans un film de genre : It Follows) incarne l’agent Lee Harker avec une froideur calculée, bien qu’elle soit éclipsée par le tour de force d’un Cage en roue libre.
Cependant, si l’ambiance fonctionne, le film échoue à pleinement exploiter ses atouts. On ne comprend pas vraiment les motivations occultes qui poussent Longlegs à mettre en place ses crimes. Les scènes s’enchaînent sans que la mécanique du récit ne s’éclaircisse. On devine que le rôle de la mère de Lee est important, mais tout cela est si mal amené que l’on reste perplexe. C’est frustrant, car le potentiel est là, mais rien n'est véritablement résolu. Le film aurait clairement gagné à s’affranchir de certaines explications hasardeuses et à jouer davantage sur le mystère, comme lors des premières scènes où le malaise s’installe sans qu'on sache vraiment pourquoi.
Bref, Longlegs n’est pas le film magistral que l’on attendait. On s’ennuie rarement, certes, mais on termine tout de même avec l’impression que quelque chose manque. Cage est fantastique, l’ambiance est soignée, mais tout cela ne suffit pas à combler les lacunes d’un scénario maladroit.