En voila un film étonnant d'anticipation ! Looker aborde des thèmes très contemporains, sans doute du à l'époque, aux années 80. Mais transposé aujourd'hui, 30 ans après, ce film sonne comme un avertissement. Une vision d'un monde artificiel dont les acteurs sont des images de synthèses malléables à l'infini (voir The Congress pour une expérience plus poussée encore). Où la télévision devient un diffuseur hypnotique capable de contrôler et d'influencer les personnes derrières l'écran.
Le thème peut sembler banal et a déjà été abordé de nombreuses fois. Sauf qu'ici, le point important est l'effort de crédibilité fait par le réalisateur. Looker est particulièrement bien documenté et visionnaire. Pas de langage abscond pseudo scientifique, pas d'esbroufe techno, mais une vision claire des technologies qui nous entourent aujourd'hui. On nous montre des techniques de modélisation qui n'étaient pas imaginables même 15 avant les balbutiements de celles-ci. Le remplacement des acteurs par des ersatz numériques, les messages subliminaux diffusés par la TV, la manipulation d'opinion et les ravages de la TV à outrance.
Toutefois, toute ces bonnes idées sont tempérées par une réalisation un peu cheap, daté eighties et qui ne s'embarrasse pas d'un scénario très élaboré. Tout les points importants des thèmes abordés par le film sont traité, mais ils le sont très sommairement et c'est dommage. Si le film avait démarré plus vite il y avait largement moyen de pousser plus en avant les divers concepts abordés et d'en faire une belle œuvre cyberpunk. Looker reste toutefois agréable à regarder et vous servira d'intro vers Black Mirror et le génial "Network" de Sidney Lumet qui partagent certains des thèmes de Looker.