« - Always remember son, there’s something above you.
- Sure dad, a 40 000$ crystal chandelier ».
Cette façon que le réalisateur a de tourner au dérisoire un trafic exécrable desservant un horrible dessein est plutôt louable. L’apogée est atteinte lors du Black Friday improvisé, sur fond de musique traditionnelle africaine joyeuse et entraînante.
« Don’t be shy, free sample », « And don’t forget the bullets ! » ; Yuri Orlov balance ses répliques comme un pur commercial en plein déstockage, alors qu’il est question d’armes lourdes.
Avoir choisi cet angle d’attaque au problème du trafic d’arme est ainsi assez intéressant. Mais ça s’essouffle rapidement.
En effet, le film n’évite pas quelques écueils des films du genre.
Déjà les répliques à la mords-moi-l’nœud, qu’on croirait sorties tout droit d’une mauvaise série B : « already more gun shops in America than McDonald’s », ou encore celle suscitée.
Pis le coup du « Je vais te dire ce qu’il va exactement se passer » avec les images défilant simultanément, puis l’enclenchement dudit scénario expliqué à peine une demi seconde après la fin de la tirade, c’est tellement gros que ça ruine la séquence (qui aurait pu être intéressante par ailleurs).
Autre écueil, les petites astuces afin de se jouer de la loi tout en la respectant, bien cinématographiques, ne sont pas crédibles pour un sou. L’agent d’Interpol qui inspecte le bateau sans aucun zèle parce que son nom a été repeint à l’arrache quelques instants plus tôt, affichant faux pavillon (qui crève les yeux tellement les dimensions sont disproportionnées) + le coup des patates pourries + le coup de fil salvateur à la dernière seconde, c’est trop. Tout ça pour de la manipulation stylée à la « The sting », recyclée depuis dans les Ocean’s et revisitée à toutes les sauces un peu partout.
Et le traitement du personnage de Jared Leto m’a insupporté. On se demande à quoi sert ce rôle, si ce n’est donner un aspect tragique à l’histoire des deux frères.
Le cadet qui fait une fleur à son frère en venant l’épauler « une dernière fois, pour le plus gros coup qu’on ait jamais fait » puis meurt après avoir bien insisté sur le fait qu’il se soit reconstruit une vie, qu’il soit casé, amoureux, des projets plein la tête. On a un peu l’impression que le personnage de Leto ne servait qu’à une chose, ce moment. Histoire de prendre le public par les sentiments en les « surprenant ». En mode « Chiale, c’est triste, vas-y chiale. Le petit frère qui avait enfin retrouvé le droit chemin et son équilibre, rend un fier service à son ainé, défend les injustices et meurt en tentant de faire le bien. Ça te fait chialer hein ? Allez, aime le film. C’est super dramatique, avec une fin tragique et tout et tout ».
Mais ça ne prend plus. Et on ne va pas parler du jeu de Nicolas Cage, qui a perdu le peu qu’il lui restait de compétences de jeu d'acteur au millénaire dernier.
C’est dommage, parce que ça commençait rudement bien, à l’image du générique d’intro, de la BO qui se laisse écouter et d’une réalisation agréable à suivre.
Mais ça casse pas 3 pattes à un canard.
5/10