Dans les années 80, Yuri est un Ukrainien émigré aux USA et ayant une vie modeste. Jusqu'à une révélation qui le conduit à devenir un trafiquant d'armes, métier dont il arrivera au sommet... "Il y a une arme pour 12 personnes sur Terre. La question : comment armer les 11 autres ?" Ce premier dialogue, suivi d'un générique aussi astucieux et ludique que violent et percutant, donne le ton du film.
"Lord of War" traite d'un sujet très sérieux avec un humour noir et un cynisme acéré comme on en voit rarement. Il dépeint la personnalité saugrenue de ce trafiquant qui parvient à vendre ses produits mortels sans état d'âmes aux plus grands assassins et dictateurs, et donne une vision très pessimiste d'un monde où la guerre et la violence paraissent cycliques, et où les grands puissances hypocrites se nourrissent des conflits. Il s'agit donc d'un film courageux politiquement, par ailleurs réalisé avec soin. L'intrigue est balayée avec grande fluidité, et offre plusieurs scènes originales parfois très osées, tant par les choix visuels que la BO. Bref, "Lord of War" n'est peut-être pas unique en son genre (on pense parfois à "Thank You for Smoking", sorti à la même époque), mais il est très réussi, et aussi drôle que glaçant. D'autant plus que bon nombres de personnages et de scènes sont inspirés d'événements réels ! Par ailleurs, Nicolas Cage est très à l'aise dans ce double rôle de père de famille et de vendeur de mort sans scrupule. C'est sans doute l'un de ses rôles les plus marquants, avant qu'il ne s'enfonce dans une spirale de choix douteux à partir de la fin des années 2000.