Lords of Chaos, film interdit aux moins de 16 ans, est un biopic basé sur l'histoire vraie des groupes de black metal norvégien Mayhem et Burzum.
Jonas Åkerlund, ancien batteur de Bathory et, l'un n'empêchant pas l'autre, réalisateur de clips pour Madonna ou Lady Gaga, voulait faire un film qui humanise ces jeunes, car, je cite, les documentaires les représentent tous en monstres ou en démons. Sur ce point de vue Lords of Chaos rate sa cible. Les protagonistes surtout Vikernes sont en effet vus comme des monstres ou ont l'air pour le moins d'avoir un gros pet à leur casque à cornes.
Dead d'abord, le bien nommé, est un malheureux dépressif que personne ne peut guérir de ses obsessions morbides. Pour se faire recruter comme chanteur de Mayhem il envoie en guise de CV un rat mort attaché à un crucifix. Il est accepté sur le champ par Euronymous le fondateur et leader de Mayhem. Sans s'en douter Euronymous a fait le choix de la surenchère dans l'extrême, un choix qui se révélera tragique pour lui.
Øystein Aarseth alias Euronymous, celui qui raconte le récit, semble le plus atteint du groupe, du moins au début.
Après le suicide de Dead le bien nommé, il prend en photo son cadavre pour en faire de la pub pour son groupe. Je ne dis pas par auto-censure ce qu'il fait quand il découvre le cadavre au crane fracassé par un coup de fusil. Des images subliminales façon jump scare viendront le hanter et se graveront en même temps dans la tête du spectateur.
Je rappelle pour l'occasion que ce film est déconseillé aux personnes sensibles. Je ne suis pas un novice en matière de film d'horreur mais ces images dépassent en répugnance la plupart des films d'horreur que j'ai vus jusqu’à présent.
Le troisième protagoniste est le plus normal en apparence. Kristian « « Varg » Vikernes lui-même peu impressionnant dans la réalité, est en effet interprété par un acteur (Emory Cohen) qui s'il ressemble peu au protagoniste, est plus crédible que l'acteur interprétant Euronymous (Rory Culkin) ressemblant un peu trop à mon goût à Gad Elmaleh. Vrai loup solitaire, Varg Vikernes cherche à se faire admettre dans la bande du Black Circle comprenant Mayhem et d'autres musiciens de black metal comme Faust d'Emperor. Faust est un homophobe qui assassinera froidement un homme dans la rue. Varg Vikernes, lui, se fait d'abord jeter par Euronymous pour avoir eu la faute de goût évidente d'arborer un badge de Scorpions.
Mais Varg Vikernes ne se décourage pas. Il finira par se faire admettre dans le Black Circle. Contrairement à la majorité du groupe simplement amatrice de black métal il est animé de convictions anti-chrétiennes, mais est aussi adepte d'Odin et sympathisant néo-nazi, ce qui prouve un éclectisme éclairé, comme le note justement un journaliste. En accord avec ses opinions il décide donc d'incendier des églises en tant que lieux construits sur les sites sacrés nordiques. Comme en Norvège beaucoup d'églises sont en bois trois églises vont entièrement brûler. Suite à ses exploits Vikernes va enfin devenir crédible. Il va se retrouver bassiste de Mayhem, fonder Burzum et devenir un des deux leaders du Black Circle avec Euronymous.
La compétition d'ego entre les deux anciens amis va dériver en lutte à mort pour le leadership. Euronymous projettera d’assommer Varg Vikernes au taser et de le torturer à mort en le filmant façon snuff movie avant de renoncer à son projet. Simple bravade mais Varg Vikernes ne prend pas ces menaces à la légère car le néo-nazi est du genre très rancunier.
En pleine nuit il va rouler de Bergen à Oslo pour poignarder Euronymous de plusieurs coups de couteau au cours d' une longue séquence éprouvante.
Lords of Chaos, sur une bande-son de Sigur Ros, reflète une histoire bien connue des amateurs de black metal mais il va de soi que le black metal est un courant trop important pour se résumer à Burzum. A ma connaissance aucune autre affaire de ce type n'a jamais secoué le milieu.