Los hongos relate avec une platitude narrative irréprochable le quotidien de deux adolescents colombiens dans la ville de Cali. Visuellement, le réalisateur Óscar Ruiz Navia se contente de suivre ses personnages à la manière d'un documentaire en oubliant principalement d'enrober son film de tout ce qui pourrait susciter l'émotion.
Ne reste finalement que les pérégrinations de ces jeunes et la magnifique grand-mère de l'un d'entre-eux qui se tient fièrement au centre de l'affiche. Personnage secondaire, elle n'en reste pas moins le fil conducteur des expériences artistiques de nos deux jeunes graffeurs et la conclusion à cette histoire relativement simple. Malade, ridée, recroquevillée, fébrile, son corps frêle masque une humanité débordante et une personnalité forte malgré les années. Elle représente le phare pour Calvin, son petit fils qui s'en occupe affectueusement lorsqu'il ne se met pas en quête d'un mur à peindre avec son ami skatteur Ras.
C'est sur un quotidien dans une ville bien plus tristement célèbre pour son cartel que pour le street art que s'attarde le jeune réalisateur dont c'est ici le deuxième film. Attaché à une vision très contemplative de ses personnages plutôt qu'à la structure de son récit, le rythme qui en découle peut rebuter mais ce serait alors passer à côté de la partie intéressante de "Los Hongos" (les champignons).
Le titre lui même renvoie aux propriétés de ces organismes qui poussent sur des corps morts et dont la prolifération est incontrôlable à l'image des idées qui germent dans l'esprit de nos "héros" et jalonnent leur parcours.
Car dans ce pseudo-documentaire se reflète un contexte politique et social (le printemps égyptien, les élections locales, la condition féminine, la religion) que le réalisateur se contente d'effleurer comme pour nous rappeler que la connaissance n'a pas besoin d'être complète et précise pour engendrer une action artistique.
Sans être marquant, "Los Hongos" est une fenêtre colorée sur un pays, une ville et sa culture, une parenthèse sincère de la vie de ses personnages. Les rues de Cali dans lesquelles nous déambulons s'ouvrent sur une vision plus globale du monde et, l'universalité du street art et ses codes de liberté ne font qu'appuyer le propos.