Terre promise
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le 28 sept. 2022
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Road movie sillonnant la Colombie, Los Reyes Del Mundo s’apparente à une fable onirique où espoir et fatalité s’ opposent sans relâche.
5 jeunes garçons, créchants a Medellin vont partir à la recherche de l’Eldorado retrouver la terre familiale de Ra, protagoniste principal.
Le voyage sera l’occasion de mettre en exergue la violence dans les rues et les campagnes de Colombie, la saleté des humains (« quelle merde les humains ») où les pires atrocités, esclavage, cupidité, violences et vols, ravageront la troupe.
La dualité entre espoir naïf de jeunes à qui le monde ne fait aucun cadeau et la fatalité de la réalité du système colombien persiste du début à la fin.
A chaque instant de répit s’enchaîne une nouvelle déferlante de violence.
Alors qu’on aperçoit pour la première fois le cheval blanc de Ra, symbole de la liberté et du calme tant souhaité, qui fera office de fil d’ Arianne jusqu’à l’arrivée sur la terre promise où il se matérialisera, le montage nous ramène à la réalité de Medellin, combat de machettes et chaos sonore.
A travers le lopin de terre familial, c’est un rêve de libéré et d’affranchissement que miroitent les 5 comparses.
L’arrivée chez les vieilles femmes au bar donne lieu à une séquence techniquement et émotionnellement brillante, avec des travellings latéraux très lents passant sur chacun des couples d’un soir, tête posée sur la poitrine des femmes, dans un slow avec les mères qu’ils n’ont jamais eu.
Le voyage aurait pu s’arrêter à cet instant, le « bonheur » des jeunes étant à son paroxysme, et c’est d’ailleurs une solution proposée par le plus jeune Wini, qui sera refusée. Car le Mal n’est jamais loin et le client du bar qui se révèlera plus tard trafiquant d’êtres humains est là pour nous le rappeler.
Visuellement, la caméra de Laura Maura Ortega fonctionne principalement par grands angles permettant de saisir à la fois les sublimes paysages contrastant avec les violences se produisant à l’écran au même moment (comme pour la révolte contre le chercheur d’or).
Les zoom avants et gros plans sur les visages des jeunes hommes n’en rendent que plus saisissant les regards empreints d’une fatalité et d’une déception qui ne cesse de progresser.
Le personnage de Sere notamment qui semblait le plus équilibré depuis le début du récit, en arrivera à envisager le suicide puis l’immolation pour enfin accéder à cette liberté tant voulue.
Une belle surprise en définitive, avec une très belle photographie servant un récit plutôt bien ciselé, malgré quelques séquences évoluant dans un léger flou scenaristique, et des comédiens assez remarquables.
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Créée
le 24 août 2023
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