Il n'est pas facile de donner un avis sur un film d'Ed Wood. Immonde tâcheron pour les uns, doux rêveur pour les autres... Il est clair que le film biographique de Tim Burton a fait beaucoup pour les teneurs de cette seconde catégorie, dont je confesse faire partie.
Glen or Glenda bénéficie clairement de ce traitement de faveur accordé a posteriori à l'oeuvre de Wood, peut-être sans fondement réel. Mais il m'est difficile de ne pas voir avec bienveillance ce film si personnel pour Ed Wood, qui incarne lui-même Glen, citoyen américain aimant se travestir et hésitant à le révéler à sa fiancée de peur qu'elle ne refuse de l'épouser.
Le pitch, audacieux et atypique, semble promettre un drame ou une comédie de mœurs ; pourtant, Ed Wood nous emmène vers un trip totalement imprévisible où l'on peut aussi bien croiser Bela Lugosi en narrateur / savant fou / dieu omniscient déclamant des phrases pompeuses totalement décalées avec le ton du film, confortablement calé dans un fauteuil posé devant une étagère pleine de crânes humains, que des hordes de stock-shots bien pratiques pour meubler / illustrer / symboliser.
Autant être clair : le film est un bordel sans nom qui peine à remplir une petite heure de bobine de façon cohérente ; pourtant, le charme de l'entreprise est tel que les minutes s'envolent devant ce spectacle flirtant constamment avec l'absurde. Glen or Glenda emporte définitivement l'adhésion par son message d'ouverture d'esprit et sa candeur, et par la mise à nu totale de son auteur.