Bien que différentes interprétations soient possibles, Louise en Hiver pourrait être qualifié de « conte symbolique ». Divers éléments semblent renfermer une part irréelle ou sont au moins illogiques, voire impossibles. On imagine en effet mal qu’une ville soit réellement laissée à l’abandon pendant une dizaine de mois, mais cette ville désertée n’est finalement que le décor, voire une métaphore, de la solitude de Louise.
Le film traite donc de la vieillesse, de la solitude, de la mémoire, de l’oubli :
« Peut-on être puni pour avoir oublié la moitié de sa vie ? »
On peut se demander si c’est bien Louise qui a oublié une partie de sa vie, ou, si ce sont les autres qui l’ont oubliée.
Comment était le passé ?
Ses questionnements, ses incertitudes confèrent aux souvenirs qu’elle se remémore un semblant d’irréalité, comme s’ils provenaient de la mémoire d’une autre vie, ou d’une autre personne.
Le temps est passé depuis si longtemps. Qu’est-il, qu’était-il, vraiment arrivé ?
La perte est sans doute le thème principal, qu’il s’agisse de la perte de repères, de celle d'êtres aimés, de la mémoire, ou de la notion du temps (à l’image des quelques horloges plus ou moins dissimulées tout au long du film) qui passe… et finit d’une certaine manière par s’arrêter, par figer le cours normal de la vie dans une succession d’actions presque chronométrées, toujours l’une après l’autre, comme un éternel recommencement.
Comment était-le passé ? Comment s’organiser quand un évènement bouleverse ce tout ? Quand tout le monde part pour de vrai ? Ces silhouettes humaines à peine esquissées, toutes semblables, étaient-elles indispensables ? C’est ainsi qu’on constate, avec une pointe d'ironie, que le personnage le plus expressif du film est un chien, et que c'est bien par l'absence des autres que Louise découvre une nouvelle liberté.
Louise a raté son train
Louise est restée seule dans ce village balnéaire, oubliée
Personne ne viendra avant l’été suivant
Louise s’organise, réorganise sa vie, pour résister et survivre, non pas vraiment à l’hiver, qui me semble être également plus un symbole qu’une saison réelle, mais à la solitude, à l’oubli.
On est à la fois intéressés et intrigués par la manière dont Louise vit son quotidien, entre balades et construction d’une cabane sur la plage, par sa vie sans doute oubliée, sûrement passée, par une liberté finalement retrouvée, et par le potentiel retour espéré de ceux qui ne reviendront pas…
J’aurais bien voulu, moi aussi, déguster des huitres sur la plage, quand ce n’est pas la belle saison, mais que la mer et la plage sont pourtant si belles (et pourtant, je n’aime pas du tout les huitres) en observant les vagues se briser,s’étirer et se diluer doucement le long de la plage, comme le temps qui passe, comme des souvenirs.