Il faut reconnaitre au réalisateur le courage d’avoir relevé le défi d’un film sur le sujet toujours sensible de l’école républicaine, obligatoire, gratuite et laïque. Le sujet pique, a piqué au 19e siècle et continuera à piquer. Le film se passe à la fin du 19e siècle quand l’école devient justement obligatoire, gratuite et laïque. Obligatoire implique l’opposition du monde paysan- la France a principalement agricole - qui voit une main-d’œuvre enfantine soumise et gratuite lui échapper pour apprendre. Gratuite, ce qui crée les oppositions des écoles confessionnelles réservées à une élite provinciale qui pouvait payer et enfin, laïque ce qui vient bousculer l’ordre établi et l’influence de l’église. Qui envoie-t-on pour exécuter cette politique ? De jeunes femmes, souvent célibataires. Et voilà. Alexandra Lamy costumée en institutrice qui déboule dans cette province encore si éloignée des villes et des objectifs politiques, puisque cette école est politique ! Le choix d'un angle intimiste ou politique ou moral aurait permis de comprendre ce que vivaient des jeunes femmes seules et un peu riches, puisqu'elles touchaient un salaire régulier. Il y avait là un espace intéressant à explorer. Simenon aurait écrit un grand livre avec un tel sujet. Avec un tel cadre, on pouvait faire un film, écrire un drame, souligner avec subtilité les lignes de faille d’une société et bien non ! On nous sert un petit film en costumes, bien léché, bien filmé, bien éclairé, presque du Pagnol sans les dialogues truculents. Tout le talent d’alexandra Lamy n’y peut rien. On navigue dans un loukoum filmé qui fera un bon téléfilm.